Sauver les présentations PowerPoint ! Mais pourquoi auraient-elles besoin d'être sauvées ? Parce qu'elles sont des "tue la communication". Heureusement, il y a une parade : le storytelling. Hé oui, encore lui. Jamais très loin quand il est question d'efficacité d'une prise de parole accompagnée par la diffusion d'une présentation visuelle.
Quel est le problème des présentations PowerPoint ?
Avez-vous déjà entendu parler de "death by PowerPoint" (mort par administration de présentation PowerPoint) ? Des présentations ennuyeuses peuvent provoquer le décès de... la présentation. C'est à dire que l'auditoire est vraiment endormi par ce qui lui est montré. Et alors, quel que soit le sujet, aussi passionnant soit-il, le message reste lettre... morte. (Hé, hé : puisque j'ai un bon filon d'allusions, je continue !).
Quand on parle de présentation ennuyeuse, ce n'est bien entendu pas uniquement la faute des diapositives projetées. Je dis diapositives projetées, parce que, quel que soit le format de l'événement, elles le sont. Même si l'auditoire est très réduit en quantité, tout le monde sera invité à regarder un écran en même temps qu'écouter l'orateur. L'orateur, justement, a aussi sa part de responsabilité. Mais si de bonnes diapositives peuvent sauver la mise d'un orateur médiocre, un orateur excellent verra ses efforts ruinés par un mauvais PowerPoint.
N'oublions jamais que les présentations les plus mémorables datent d'une époque où le logiciel PowerPoint n'existait même pas ou à peine, comme celles de Steve Jobs à ses débuts.
Cela dit, quels sont les problèmes précis de ces fameuses présentations mortelles :
- L'overdose : oui, c'est mortel ça. On parle ici d'overdose de contenu. Ces slides pleines de textes et de tableaux de chiffres au point d'en devenir illisibles... En général, on y retrouve exactement le même contenu que celui qui sort de la bouche de l'orateur. Comme une sorte de prompteur en fait. Comme le public n'est pas capable de suivre avec attention un contenu identique déployé via deux canaux différents, il va choisir l'un des deux. Donc, une grosse partie du travail fourni pour une intervention "discours + PowerPoint" l'a été pour rien. L'orateur n'est pas le seul à pouvoir être blâmé. L'outil PowerPoint est aussi coupable. Les modèles qui s'affichent quand on ouvre un nouveau fichier dans le logiciel incitent à ce genre de comportement. Donc, pour bien faire les choses... il ne faut pas suivre les modèles proposés. N'oublions pas non plus que, dans une prise de parole, les slides ne doivent être que des aides visuelles, un support de la prise de parole.
- L'universalité : c'est la recherche de la solution unique à une multiplicité de situations et de types de présentations, d'auditoires etc. Cela commence déjà par la taille de l'auditoire. Souvent, c'est un paramètre ignoré : et tous les auditoires se voient proposés la même chose, à savoir une projection sur écran. Or, un petit groupe réfléchissant à une problématique aurait avantage à travailler à partir d'un dossier papier ou visualisé sur l'ordinateur de chacun. Ce dossier n'aura d'ailleurs même pas besoin d'être une présentation PowerPoint -le logiciel n'apportera aucune plus-value par rapport à n'importe quel système de traitement de texte standard. Bien entendu, la quantité n'est pas tout. Imaginons une présentation attrayante, avec une slide composée uniquement d'une photo d'un éléphant. Imaginons aussi que le message est très pertinent, très en phase avec le visuel. Ok, bonne présentation donc. Chaque membre de l'auditoire se voit remettre le PowerPoint à la sortie, charge à lui de le diffuser dans son service, ou son entreprise si c'est un client (on se place dans un contexte BtoB). Et bien, je mets au défi cette personne d'arriver à expliquer à quoi faisait référence l'éléphant un voire deux mois plus tard. Pour certains publics, l'éléphant sera suffisant car on aura juste voulu les marquer, pour d'autres, chargés de véhiculer une "bonne parole", d'autres slides complémentaires seront nécessaires, sans doute plus techniques, pas forcément projetées, un peu comme des annexes. Bref, la présentation universelle n'existe pas.
- Les animations qui n'animent pas : j'ai lu quelque part que le logiciel PowerPoint propose plus de 100 animations différentes des slides. Je ne sais pas si ce n'est pas un peu exagéré, mais en tout cas, sur toutes les animations possibles, seules deux ou trois sont réellement utiles. C'est à dire qu'elles apportent quelque chose à la dynamique de la présentation. Et ce sont les animations les plus simples : balayage d'un côté, disparition d'un élément vers l'autre bord de la slide... Bref, ce qui apporte du mouvement à un propos est à retenir, tout le reste est bon à jeter. Et encore, le mouvement en question ne doit pas déjà être apporté par d'autres trucs et astuces : attitude de l'orateur, jeux de couleur sur la slide... Ou alors, ces animations doivent souligner, mettre en lumière un élément important. Mais là aussi, si le même élément est déjà mis en évidence avec une mise en couleur très distinctive, ce n'est pas la peine de "surjouer" ! Autre élément négatif avec une animation malvenue : elle sera une source de distraction pour l'orateur, dont il peut se passer. Intervenir devant un public est déjà suffisamment stressant sans en rajouter.
- La force humaine du storyteller :
- La mise en couleurs : on ne s'improvise pas graphiste. Et les goûts des uns ne sont pas les couleurs des autres. C'est une question d'harmonie, d'équilibre plus que de bon goût. On voit parfois fleurir des associations de couleurs qui piquent les yeux dans les présentations PowerPoint. Là, pour une fois, le logiciel PowerPoint est un peu votre ami. La façon dont il présente le nuancier de couleurs regroupe les couleurs voisines, ce qui permet de visualiser, à un premier niveau, celles qui pourraient matcher entre elles. Des outils en ligne existent aussi, pour faire des choix éclairés d'associations de couleurs sans compétences requises en graphisme.
- Les images : les fameux visuels... Des slides qui mélangent des cliparts (un site de cliparts au hasard pour visualiser le type de cliparts qui me hérissent !) et des photos, des photos qui côtoient des éléments d'illustration, des photos sans parenté entre elles... Voici tout ce qui est à éviter. Encore une fois, une présentation est une harmonie visuelle. On ne mélange pas les genres, on fait un choix et on s'y tient. Si on décide de partir sur des slides avec des photos, sur une même slide il n'y aura que des photos, et sur un enchaînement de slides similaires, ce sera la même chose. Cela ne veut pas dire que du graphisme ne sera pas possibles sur des slides de cette présentation. Mais on aura alors décidé que les slides annonciatrices d'une nouvelle partie de la présentation seront toutes constituées de "dessins".
Que peut faire le storytelling pour les présentations PowerPoint ?
Le storytelling obéit à une structure simple : un problème à résoudre + des actions (pour le résoudre) + un résultat (le problème est résolu). Ce format peut structurer l'ensemble de la présentation : une série de slides peut traiter du problème, une autre des actions etc. Et pas nécessairement dans cet ordre. C'est ce qui fait toute la dynamique du storytelling : il n'est pas obligatoirement linéaire. Plus encore : chaque slide peut intégrer une telle structuration. Le storytelling est donc décliné au niveau micro et macro. C'est un enchaînement logique auquel notre cerveau répond particulièrement bien : il est formaté pour être réceptif aux histoires.
Les histoires ne se situent pas uniquement dans le registre émotionnel, même si l'utilisation des émotions est une force du storytelling. Elles tablent aussi sur le factuel. C'est l'une des raisons pour lesquelles, appliqué à une présentation, le storytelling peut captiver bien davantage le public qu'un PowerPoint classique.
Les conteurs traditionnels, pour enfants et pour adultes, ont toujours eu quelque chose de magique. Une aura spéciale. Beaucoup plus en tout cas que les enseignants qui, pourtant, s'adressent aussi à des auditoires en leur parlant. Les orateurs des évènements TED ont le plus grand des succès lors de leurs interventions. C'est parce que ces moments sont des moments de storytelling. En associant un PowerPoint labellisé storytelling à une performance orale de storyteller, on peut obtenir cet effet merveilleux.
Et qu'on ne sorte pas l'argument du "oui, mais moi, mes clients sont des pros et sont intéressés par mon sujet, ils veulent des informations techniques etc.". C'est une mauvaise excuse. Des études montrent que le storytelling est efficace y compris pour les présentations BtoB.
Utiliser le storytelling dans ses présentations PowerPoint, ce n'est pas très compliqué. Surtout si on suit une formation spécifique pour apprendre à le faire. J'ai justement créé tout spécialement un programme pour faire cela. La formation inclut bien entendu également un travail sur le design des slides, car tout, vraiment tout, est un élément de l'histoire que raconte l'orateur face à son public. Je vous invite aussi à utiliser la commande de recherche du blog : en tapant "powerpoint", vous aurez accès à tous les articles que j'ai écrit ici sur le thème des présentations. Mais une formation, c'est quand même mieux !
Mieux que ça, en tout cas :