Vins, clichés et stéréotypes

Publié le 11 février 2020 par Lespulpeuses

Les clichés sont partout mais genre partout ! Même dans le vin. Alors ce mois-ci, avec  Stéphanie, notre experte vinon prend les clichés à bras le corps et on en parle une dernière fois avant de les faire disparaitre !

Des œstrogènes dans notre jaja…et bien voyons !

Tous les ans j’use mes semelles sur le parquet d’un caviste lillois en fin d’année. Je le fais pour plusieurs raisons dont l’aider à compléter son équipe mais surtout parce que je kiffe rencontrer les amateurs de vin et répondre à leur question, pour les guider dans leurs choix. 

C’est toujours un plaisir de découvrir les nouvelles cuvées en même temps que les nouvelles demandes des clients, car oui tout évolue très vite dans ce domaine. Cependant quelle ne fût pas ma surprise d’entendre encore la question « Avez-vous des vins féminins ? »

Je n’ai pas pu m’empêcher de penser « Ah oui, bien sûr, ils sont là-bas près des pré-mix mojito roses à côté du rayon clichés »

Blague à part, j’ai tenté de lui expliquer que les goûts n’avaient pas de genre. C’était assez difficile pour ces dames d’entendre qu’elles avaient tort de jouer ce jeu, de vins pour les filles, les autres de garçons.

Bien sûr je ne les blâme pas, bien d’autres avant elles ont fait bien pire comme créer des marques de vins pour les filles, et bien souvent c’était des femmes.

Le problème n’est pas le genre mais plutôt la généralité que l’on fait. Puisqu’une femme aime le rosé pamplemousse alors toutes les femmes aiment le rosé pamplemousse. Ou ces hommes qui pensent que comme ils aiment le Pauillac bien charnu et pas leur femme, alors le Pauillac est un vin d’homme…

Le vin c’est pas comme les maths !

Il n’y a pas de lien de cause à effet. Le goût ça s’éduque, et on est bien d’accord (sinon tu me fais signe) que les femmes aiment ou pas autant la viande saignante que les hommes. 

Il y a un deuxième effet à cette généralité :  les fameux caractères féminins d’une boisson ou d’une autre. Que n’ai-je entendu ou lu des analyses sensorielles qui décrivent des caractères féminins à tel vin là ou des caractères masculins sublime tel autre. Tu m’expliques, c’est quoi un vin féminin ?

Je pense d’ailleurs au sketch de Florence Foresti qui décrit les filles parfaites comme des cotons tige car elles sont toutes douces. Là aussi c’est une généralité un peu cliché…

Il existe tout un tas de clichés sur les femmes et le vin mis en lumière par l’association Women Do Wine. Et si tu veux découvrir des vins produits par des femmes vigneronnes, lis « Vigneronnes » de Sandrine Goeyvaerts.

Les vins du Sud, ah non merci, je veux un grand vin !

Il n’y a pas que les clichés sur les femmes… cela existe aussi envers les régions ! Comme par exemple, il parait que les vins du Languedoc Roussillon « c’est pas terrible, terrible ». Si certains pensent encore ça, ça en laisse plus pour ceux qui aiment..! 

Cette idée reçue date des années 50-70, époque ou l’on a pensé que la quantité pouvait aller de pair avec la qualité. 

Depuis on a déplanté pour replanter des vignes de qualité. On utilise ce qui est certainement l’invention la plus importante du XXème siècle pour la qualité des vins : les cuves thermo-régulées

La gestion de la température lors de la fermentation a permis aux vins des régions chaudes d’être produits tout en finesse. Exit les rouges qui tâchent et bienvenue à tout un panel d’AOP et d’IGP suaves, riches en matières, épicés et qui gardent de la fraîcheur.

Pour ma part l’AOP terrasse du Larzac est une réussite, l’IGP côtes Catalane offre des vins d’un rapport qualité prix tout à fait pertinent. Il existe aussi des vins blancs du sud, Vermentino, Grenache blanc, Macabeu qui exhalent des arômes des fleurs blanches, d’agrumes qui se mêlent parfois à la minéralité, ce sont aussi des vins de garde.

À goûter d’urgence : Domaine des chimères, Arletaz, Domaine de Trévallon, Clos des fées et tant d’autres…

Le vin nature, c’est de la piquette qui ne se garde pas

Un dernier cliché à la mode:  « les vins sans souffre ajouté ne se gardent pas. »

Loin de moi l’idée de rappeler ici ce qu’est un vin nature, vin sans souffre ajouté, mais il est plus juste de les appeler vins moins interventionnistes. Ce qui signifie des vins dans lesquels le vigneron ne systématise pas les actions technologiques (autorisées et contrôlées) quand il fait son vin. 

Bref, il garde ces possibilités qu’au seul cas où il y a nécessité. Si le vin est suffisamment solide alors pas besoin d’ajouter quoique ce soit. Sa quantité de souffre intrinsèque sera suffisante. Pas besoin de béquille donc.

Si le vin doit être bu rapidement (comme le Beaujolais nouveau ou autre vin primeur) idem. 

Crois-moi des vins natures qui se gardent, voir qui ont besoin d’être gardé tant leur matière est jeune et complexe, il y en a plein les rayons des cavistes. Il n’y a qu’à regarder du côté du Sud-Ouest, Château Lestignac, Mas Del Perié, Barouillet…et même du côté du Beaujolais, domaine Léonis, côte de la Molière

Je t’en passe et des meilleures, par exemple on me demande souvent pour qui je travaille…étonnamment « pour moi », et puisqu’une fille qui s’intéresse au vin ne peut exister seule, la question qui suit est « et votre papa est vigneron ? »…ah les clichés ont la peau dure, heureusement il nous reste la passion des hommes et du Jaja !

As-tu déjà subi les clichés à propos du vin en soirée par exemple ? 

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