Pascal Poot est un outsider de l'agriculture. Cela fait des années qu'il prône une agriculture sans produits chimiques, débarrassée des lobbies et entreprises qui tuent les paysans au profit d'une agriculture toujours plus industrielles. Il voit un futur tournée vers l'utilisation de semences anciennes et engrais naturels, bien loin de ce que l'on où à appris, où pour nourrir la planète, l'agriculteur doit dépendre de gros groupes industriels. Entretien.
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi il existe encore une agriculture qui utilise des pesticides ? Pourquoi ne sont-ils pas tous passé au bio avec les informations que nous avons maintenant sur les pesticides ?
Tout d'abord parce que la politique n'a jamais favorisé l'agriculture bio. Ce sont les mêmes personnes qui produisent les pesticides, qui font aussi les semences. Après la Seconde Guerre Mondiale, on a voulu reconvertir l'industrie de la guerre dans l'agriculture. Pour faire la guerre, on a fabriqué des usines pour produire des nitrates qui servaient aux explosifs. Après on a tout reconverti les nitrates que l'on produisait, servent désormais à faire des engrais. Le gaz moutarde a été le premier pesticide. D'ailleurs, il est toujours utilisé pour conserver le blé dans les silos à grains. Les gens quand ils mangent une baguette de pain qui n'est pas bio, ils ne le savent pas mais ils mangent du gaz moutarde. C'est la chose la plus toxique que l'on puisse trouver. Et ça, c'est tous les pains qui ne sont pas bio. La personne qui a inventé ce produit que l'on met dans le silo à grains donne maintenant des conférences pour mettre en garde contre ce produit. Et ce monsieur là m'a expliqué que les industriels donnent un autre nom à ce produit, mais c'est ni plus ni moins que du gaz moutarde. C'est parmi les produits les plus cancérigènes et toxiques que l'on puisse trouver. Le problème c'est qu'officiellement les industriels assurent que le produit ne reste pas dans le grain. Sauf qu'en réalité il y en a 5 % qui pénètre à l'intérieur des grains de blé. Ce qui fait qu'il y a 5 % du produit qui est toxique et que l'on mange. Et ça, vous pouvez le demander à n'importe quelle agronome qui le confirmera.
Après la Seconde Guerre Mondiale aurait-il été possible de nourrir la population sans utiliser de pesticides ?
Évidemment, j'en ai discuté avec des chercheurs de l'INRA, ce sont ceux qui fabriquent des OGM. Au cours de la conversation ils me disent "tu dois reconnaître que grâce à nos recherches, les plantes de grandes cultures produisent trois fois plus qu'en 1910." Sauf que ce n'est pas vrai, car c'est à cause du CO2 qui est dans l'atmosphère. Et la preuve de ça, c'est gens de l'ONF qui l'ont. Ils voient les arbres des forêts naturels pousser trois fois plus vite maintenant qu'en 1910. La sélection effectuée par l'INRA sur les tomates n'ont fait que les rendre maladives est fragiles, afin que les industriels puissent vendre un maximum de produits de traitement après.
Des tests ont ils étaient faits pour prouver qu'une plante produit plus vite à cause du CO2 ?
Bien sûr, cela fait 40 ans que l'INRA les a fait. Les chercheurs ont mis des clones avec la même nutrition sous cloches, d'abord avec une atmosphère normale, puis ils ont injecter du CO2. Et ça pousse à vue d'œil ! Et c'est normal que ça pousse avec plus de CO2 car la base de la vie c'est le carbone. Les plantes quand elles font leur photosynthèse, elles fabriquent des hydrates de carbone.
Du coup la sélection des graines a-t-elle juste permis de produire des semences résistante aux pesticides ?
Oui, en gros c'est ça . Ça fait 20 ans que je fais des conférences. Il y a des gens qui me disent "oui, mais on ne pourrait pas nourrir la planète en bio." Et j'ai à chaque fois la même réponse : "c'est à la fois tout à fait vrai est tout à fait faux." C'est tout à fait vrai si l'on utilise les semences qui sont vendus dans le commerce, car le principal critère de sélection de semenciers ça a toujours été soi-disant la productivité mais en réalité, c'était la capacité des plantes à absorber un maximum d'eau et d'engrais chimiques. Si on fait des analyses de matières sèches de protéines de sucre etc. qu'il y a dans la récolte, il n'y en a pas plus qu'en bio. Et le problème est que si on essaye de faire du bio avec des plantes qui ont été sélectionné uniquement pour leur capacité à absorber l'eau et les engrais chimiques, elles ne produisent quasiment plus rien. Donc avec ce type de semence, on ne pourrait pas nourrir tout le monde en bio. Par contre si on utilise des variétés qui sont adaptés au milieu, des anciennes variétés, on peut produire même plus qu'en chimique. On n'utilise aucun engrais, on peut mettre du compost, encore faut-il que la terre soit fertile. La plupart du temps on récolte 3-4 fois plus qu'en conventionnel.
Vous voulez dire que si après la seconde guerre mondiale on avait donné aux paysans l'opportunité de faire une agriculture bio on aurait pu nourrir toute la population d'après guerre ?
Bien sûr car si après la guerre la production augmentée ce n'est dû ni aux pesticides ni aux engrais, ni aux sélections que les semencier ont fait, mais au CO2.
Quelles seraient les principales difficultés d'un agriculteur conventionnel qui voudrait passer au bio ?
Une chose importante : par exemple, si on compare l'Allemagne à la France. Il y a la même demande pour les produits bio, mais en Allemagne il y a 30%, au moins, des agriculteurs qui sont passés au bio depuis un bon moment. En France, jusqu'il y a deux ou trois ans il n'y en avait que 1%, maintenant il y en a peut-être 2 ou 3%, mais c'est toujours 10 fois moins qu'en Allemagne. Je discute souvent avec des voisins font de l'agriculture en chimique, qui mettent du Round Up, ils me disent tous qu'ils aimeraient se mettre en bio mais le problème c'est qu'ils ne savent pas comment faire. Les conseillers agricole n'ont pas été formé pour ça et ne peuvent pas les aider. Ils ont peur de perdre toute la récolte. Personne n'est là pour leur expliquer comment faire. Ce n'est pas qu'ils ne voudraient pas, c'est qu'en France on apprend pas aux enfants à réfléchir on leur apprend surtout à retenir par cœur. Donc les Français attendent toujours des recettes toutes faites. Et quand on fait de l'agriculture en chimique c'est pas compliqué : on va voir la coopérative agricole, on achète des semences, là on te dit il faut mettre tant de potasse, tant de phosphate, tant d'azote, c'est une recette toute faite. Et puis après s'il y a une maladie, l'agriculteur ramène une plante infectée et on lui donne un bidon à pulvériser dessus. Alors que s'il devait se mettre en bio, il devrait apprendre à réfléchir, à observer, à comprendre car le truc c'est que ce qui marche à un endroit, des fois ça ne va pas marcher à 1 km à côté. Il n'y a pas de recette toute faite. On peut apprendre quelques bases mais il faut surtout apprendre à réfléchir par soi-même.
La FNSEA ne veut pas aider les gens à se convertir en bio, ni les encourager car ses membres sont plus ou moins actionnaire ou corrompu par les industries qui vendent les produits phytosanitaires.
À votre avis comment les gens de la FNSEA peuvent-ils gagner de l'argent par le fait d'utiliser des pesticides ?
Je n'en sais rien mais je sais qu'ils ont des actions dans des entreprises de gros semenciers qui fabriquent des OGM. Tous ces trucs que ce soit Bayer ou Monsanto, ils fabriquent des semences, ils fabriquent des produits phytosanitaires, et après ils vendent des médicaments une fois qu'ils ont empoisonné tout le monde. C'est pas compliqué ça fait la boucle. Ils s'assurent une bonne clientèle.
Et vous est-ce que vous faites partie d'un syndicat agricole ?
Non pas vraiment, mais pendant une époque la Confédération Paysanne avait besoin de moi parce qu'ils voulaient participer à des réunions sur les semences paysannes et comme j'étais le seul qui s'y connaissait vraiment ils ont dit que je faisais partie de leur syndicat , mais ce n'était pas vrai. Je n'avais jamais payé une cotisation ni quoi que ce soit.
Qu'est-ce que vous pensez de la Confédération Paysanne ?
C'est plutôt pas mal mais c'est comme chez tous les humains il y a des rivalités, des jalousie, etc. Et tout le monde ne comprend pas tout.
À votre avis qu'est-ce que la Confédération Paysanne devrais faire pour contrer la FNSEA ?
Ce n'est pas la Confédération Paysanne qui devrait faire quelque chose, mais les paysans, les agriculteurs car il paraît que c'est le métier où il y a le plus de gens qui se suicident. Ils sont pris à la gorge par les crédits. En France, il est normalement interdit de vendre des produits à perte mais les agriculteurs, même si tout le monde sait que le lait leur revient à 0,30 € le litre, ils le vendent à perte aux supermarchés pendant des mois ou des années, mais tout le monde trouve ça normal. Donc là déjà il y a quelque chose qui ne va pas. Après il faut se rendre compte que si les fruits et légumes étaient vendus à leur juste prix, si on comptait les heures de travail, et que ça paye au moins un salaire au SMIC alors tous les fruits devrait être vendu en moyenne à dix euros le kilo. Et d'ailleurs il paraît qu'en Australie et en Nouvelle-Zélande c'est le cas. On ne trouve pas de fruits ou de légumes à moins de dix euros le kilo, parce que c'est le prix qui correspond au travail que ça demande. Ici en France et en Europe, il y a plein d'agriculteurs dont tout le monde se fout s'ils travaillent pour 0,50 € de l'heure ou même à perte. Et après on leur donne la charité avec quelques petites subventions, mais à condition qu'ils fassent ce que les pouvoirs publics veulent. Les gens pourraient quasiment voter pour n'importe qui ça reviendrait toujours au même, parce que le problème c'est que les politiques sont allés à l'ENA ou Sciences-po où ils n'ont rien appris. Ils ne connaissent rien à la médecine, le nucléaire, l'agriculture, alors il s'entoure de toute une bande d'experts ou de soi-disant experts, car par exemple pour le nucléaire ce sont uniquement les gens qui travaille pour Areva qui viennent défendre les bienfaits du nucléaire. Donc même les personnes les mieux intentionnés se basent sur des informations qui sont fausses car ils sont entourés de lobbies.