Alors que le GISAID confirme, au 10 février 2020, plus de 40.500 cas d’infection au nouveau coronavirus 2019-nCoV et 910 décès, soit environ 3.000 cas supplémentaires par rapport au dernier bilan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) du 9 février (37 500 cas confirmés et 813 décès), que l’épidémie poursuit sa progression, les scientifiques abordent peu à peu de nouvelles questions et de nouveaux enjeux, soucieux de protéger au mieux les populations. Ces chercheurs de l’IRD et de l’Université d’Aix-Marseille s’interrogent ici, dans le Lancet, sur le risque spécifique de complications, durant la grossesse, associé à l’infection avec le nouveau coronavirus.
On sait aujourd’hui que 2019-nCoV est relativement proche des deux autres coronavirus responsables du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV) et du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV). De la même manière que pour la recherche de médicaments permettant d’endiguer l’épidémie de pneumonie liée à 201-nCoV, les chercheurs évaluent,contre le nouveau virus, les molécules qui ont fait leurs preuves contre le SRAS et le MERS, ici, les chercheurs reprennent les données concernant les complications materno-fœtales documentées avec ces deux virus, durant la grossesse.
Les coronavirus ont le potentiel d'entraîner des effets indésirables graves pour la mère et/ou l’enfant
SRAS-CoV : une étude menée auprès de 12 femmes enceintes infectées par le SRAS-CoV pendant la pandémie de 2002-2003 montre que :
- 4 (57%) des 7 femmes ont fait une fausse couche au cours de leur premier trimestre de grossesse ;
- chez 2 (40%) (des 5) femmes, le bébé a présenté un retard de croissance fœtale ;
- 4 (80%) (des 5) femmes ont accouché prématurément (une spontanément et 3 par accouchement induit en raison de l’état maternel) ;
- 3 (25%) femmes sont décédées pendant leur grossesse.
MERS-CoV: une autre étude menée auprès de 11 femmes enceintes infectées par le MERS-CoV, montre que :
- 10 (91%) ont présenté des résultats défavorables ;
- 6 (55%) des nouveau-nés ont dû être admis en unité de soins intensifs (USIN) ;
- 3 (27%) nouveau-nés sont décédés ;
- 2 nouveau-nés ont mis au monde prématurément en raison d’une insuffisance respiratoire maternelle sévère.
Prenant en compte ces données et considérant que le 2019-nCoV présente un potentiel pathogène similaire à celui du SRAS-CoV et du MERS-CoV, les auteurs concluent que les femmes enceintes en cas d’infection au nouveau coronavirus encourent un risque accru de complications. Or, il n'y a aucun signe clinique spécifique précédant ces complications graves.
Compte-tenu du manque actuel de données sur les conséquences d'une infection au 2019-nCoV pendant la grossesse, les auteurs recommandent
le dépistage systématique de toute infection suspectée au 2019-nCoV pendant la grossesse.
Et, bien sûr en cas d’infection confirmée, un suivi prolongé pour la mère et son bébé.
Sources:
The Lancet February 06, 2020 DOI : 10.1016/S0140-6736(20)30311-1 2019-nCoV epidemic: what about pregnancies?
GISAID Global cases of Betacov
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Équipe de rédaction Santélog Fév 10, 2020Rédaction Santé log