Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais LePaf est un Sisyphe heureux.
Dans la répétition infinie des mêmes tâches qui tissent le quotidien d’un ménage à tenir se nichent de petites variations dont certaines peuvent s’avérer dignes d’être narrées.
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LePaf se désespérait.
Quatre enfants sans problème de vue. Je me sentais comme en défaut de transmission. Seul binoclard de la tribu je retrouvais comme de vieilles craintes héritées de ce règne de la barbarie bas du front que sont les couloirs et cour du collège.
Je sais bien qu’aucun membre de la famille ne penserait à exercer des brutalités mais il arrive que les souvenirs, même fort anciens, orientent votre rapport, craintif, à l’existence.
Heureusement un enfant a récemment été touché par, à défaut de la grâce, le don de mauvaise vue.
MaGrande arbore depuis peu de belles lunettes rondes qui ravissent la fan d’Harry Potter qu’elle est.
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Les lunettes furent accueillies comme une bénédiction le mardi soir.
Car, oui, depuis 2012 (je crois) chaque mardi soir en période scolaire la famille dans son ensemble regarde un film choisi par LePaf qui à cette occasion rend une forme d’hommage à l’Eddy Mitchell des mardi soirs de FR3.
Et depuis que MaGrande maîtrise suffisamment la lecture – moment marqué arbitrairement par son entrée en CE1 – les films non francophones sont désormais diffusés en version originale sous-titrée. (MaTardillonne ayant droit à une séance parallèle lors de ces diffusions ainsi qu’à l’occasion de films pas de son âge, elle voit alors généralement des rediffusions de séances précédentes.)
MaGrande depuis quelques temps plissait les yeux, se rapprochait de l’écran et perdait parfois un peu du propos en même temps que quelques miettes de sandwich (en carré pour MonAîné, en triangle pour MonPuîné, en forme de cœur et de losanges pour MaGrande et l’une ou l’autre de ces présentations pour MaTardillonne selon son humeur du jour).
Heureusement MonAîné a pour habitude de lire les sous-titres à haute voix.
Enfin heureusement… Je ne vous cacherai pas que ça agace rapidement l’assistance, même celle qui était supposée en profiter. Il est encore plus difficile à faire dévier de ses habitudes que LePaf mais il y a du progrès. Et on ne désespère pas.
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Ces séances du mardi soir sont une de mes grandes satisfactions.
Il arrive pourtant que je les maudisse, parfois.
Ainsi que ChèreÉpouse et les voisins immédiats de notre appartement.
LePaf a su transmettre avec un certain succès son amour des comédies musicales classiques. Et son cœur se remplit de joie comme de fierté à la pensée que sa progéniture connaît et apprécie Gene Kelly et Fred Astaire.
Le revers de cette réussite fait trembler les murs. Immanquablement, après vision, les enfants s’improvisent pendant plusieurs jours danseurs de claquettes (versions souliers de 12 tonnes).
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A part ça, une semaine où ChèreÉpouse n’est pas à l’autre bout très loin du monde ne peut être qu’une bonne semaine. Sur ce le logis m’appelle. Je resterais bien au clavier mais le temps presse et votre patience s’use.