Partager la publication "[Carnet noir] Kirk Douglas : la légende s’en est allée…"
Quatrième enfant de Bryna et Herschel Danielovitch, deux immigrants juifs ayant fuit l’antisémitisme et la pauvreté en Biélorussie, Issur Danielovitch, alias Kirk Douglas, est né le 9 décembre 1916 dans l’état de New York aux États-Unis. À la fin des années 30, le jeune Kirk décide de s’établir à New York pour y apprendre le théâtre. C’est ici qu’il rencontre sa future épouse Lauren Bacall. Il fait par la suite ses débuts au cinéma dans L’Emprise du crime, de Lewis Milestone et La Griffe du passé, de Jacques Tourneur. Rapidement sous contrat avec la Warner, il commence son inexorable montée en puissance, devenant une valeur sûre du septième-art. Dans les années 50, on peut le voir dans Le Gouffre aux chimères, de Billy Wilder, Vingt Mille Lieues sous les mers, de Richard Fleischer, Le Cercle infernal, d’Henry Hathaway, Règlements de comptes à OK Corral, de John Sturges, Les Vikings, de Richard Fleischer et bien sûr Les Sentiers de la gloire, de Stanley Kubrick.
Kirk Douglas entame les années 60 sur les chapeaux de roues avec Spartacus, pour lequel il retrouve Kubrick. On le voit par la suite dans Paris brûle-t-il ?, de René Clément et L’Arrangement, d’Elia Kazan. À partir de la décennie suivante, l’acteur tourne un peu moins mais reste tout de même très prolifique. Idem dans les années 80. Touchant à tous les styles, il figure au générique de films comme Nimitz, retour vers l’enfer, de Don Taylor et Un flic aux trousses, de Jeff Kanew. Une attaque cérébrale en 1996 le poussera à peu à peu envisager de se retirer des plateaux qu’il a alors depuis quelques années commencé à délaisser, ne souhaitant tourner que dans des films véritablement intéressants. Quand il fête ses 100 ans, le 9 décembre 2016 à Beverly Hills, Kirk Douglas n’a rien tourné depuis Meurtres à l’Empire State Building, un téléfilm diffusé en 2008.
Immense star du grand écran, Kirk Douglas a également connu une carrière de producteur et d’écrivain (il a écrit son autobiographie en 4 volumes). Engagé, démocrate convaincu et actif, il a profité de son statut pour prendre la défense des Amérindiens et s’est posé comme un fervent défenseur de la paix, utilisant là encore ses films pour faire entendre sa voix. Quand Dalton Trumbo, le célèbre scénariste de Spartacus, est blacklisté, car soupçonné de communisme pendant la Chasse aux sorcières, Douglas prend sa défense et insiste pour que le nom de Trumbo ne soit pas retiré du générique de Spartacus. Trumbo avec lequel il collaborera d’ailleurs plusieurs fois.
En septembre 2016, alors qu’il est pourtant très âgé, Kirk Douglas publie une tribune dans laquelle il met en garde les Américains contre la politique de Donald Trump, établissant des liens avec la Grande Dépression et la montée du nazisme.
Détenteur d’un Oscar et d’un César d’honneur, francophile passionné, décoré par la Légion d’honneur et par la médaille présidentielle de la Liberté, père de Michael Douglas, Kirk Douglas était le dernier des géants d’un certain âge d’or. Plus qu’un acteur, il a incarné, par sa grandeur d’âme, son charisme et son talent, un véritable idéal. Un modèle de résilience qu’on se plaisait à imaginer immortel. Ce qu’il est de toute façon devenu par le biais de son extraordinaire carrière.
« L’ÂGE, C’EST DANS LA TÊTE. J’AI SURVÉCU À UN CRASH D’HÉLICOPTÈRE ET À UNE CHIRURGIE DU DOS. J’AI UN PACEMAKER. J’AI EU UNE ATTAQUE QUI M’A PRESQUE POUSSÉ AU SUICIDE. MAIS JE ME SUIS DIT À MOI-MÊME QUE JE DEVAIS CONTINUER À GRANDIR ET À FONCTIONNER. LÀ EST LE SEUL ANTIDOTE À L’ÂGE. »
C’est avec tristesse que nous avons appris ce matin son décès, mercredi 5 février, à l’âge de 103 ans.
L’hommage de Michael Douglas :
« C’est avec une immense tristesse que mes frères et moi vous annonçons que Kirk Douglas nous a quittés aujourd’hui à l’âge de 103 ans. Pour le monde, il était une légende, un acteur de l’âge d’or du cinéma, un humanitaire dont l’engagement envers la justice et les causes auxquelles il croyait ont établi une norme à laquelle nous aspirons tous. Mais pour moi et mes frères Joel et Peter, il était simplement papa, pour Catherine, un merveilleux beau-père, pour ses petits-enfants et arrière-petits-enfants leur grand-père aimant, et pour sa femme Anne, un mari merveilleux. »
@ Gilles Rolland