#2020RacontePasTaVie - jour 37, les incivismes

Publié le 06 février 2020 par Aymeric


Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais les petits incivismes me rendent fou.

Alors que la plupart du temps tout me semble présenter trop d’aspects (un envers, un endroit et tout un tas de facettes ou de replis entre les deux) pour que je parvienne à prendre position, la vue d’une crotte de chien non ramassée, d’un article de magasin reposé loin de son rayon, d’un détritus jeté par terre, d’un vélo qui au mépris du feu rouge coupe la route d’un piéton me donne des envies de peine de mort, à tout le moins d’envoi vers le goulag.

J’ai bien remarqué que tout le monde, même la plus mesurée, raisonnable, ouverte des personnes, a un sujet kryptonite qui lui fait perdre sang froid et recul.
Moi-même, dans mon europhilie de cabri, je ne garde pas toujours ni la maîtrise de mes nerfs ni celle de mon vocabulaire lorsqu’on s’en prend de manière injuste, forcément injuste, à l’Union Européenne. (Bon, la plupart du temps, c’est vraiment de manière injuste. Si si je vous assure. Non, mais si, VRAIMENT.)

Mais rien à voir avec le niveau de violence mentale que peuvent déchaîner ces multiples petites infractions du quotidien, et ce d’autant plus quand ceux qui les commettent habillent d’un aristocratique non-conformisme leur égoïsme foncier.
Mais je sens déjà que je m’échauffe.

Ma nature de névrosé amoureux des habitudes et des règles me rend tout à fait incompréhensibles ces écarts accomplis, au mieux, l’air de rien. (De même que me mettent dans des états voisins d’incompréhension et de rage une bâtisse toute en angles droits qui se fait appeler Pavillon circulaire, ou un Saturday Night Live diffusé un jeudi. J’ai même du mal à l’écrire.)

La vie parisienne n’est pas réputée pour des mœurs proches des normes suisses ou scandinaves. Le comportement général de ses habitants m’avait paru parfaitement résumé dans une ancienne publicité pour la prévention routière : « L’automobiliste est bête, il croit que c’est le motard qui est bête, alors qu’en fait c’est le cycliste, dit le piéton. »

Dans un tel contexte les occasions de faire bouillir sa cocotte intérieure ne manquent jamais. Heureusement qu’aussi forte que ma détestation des incivismes est celle des conflits. Ce qui fait que je garde à l’intérieur mes hurlements de désapprobation, mes envies de châtiments interdits, et ne pose mes regards noirs que très peu de temps et à bonne distance.
Vous me direz, de loin cela ressemble tout de même beaucoup à de la simple trouille.
De près aussi à vrai dire. Je pourrais sans doute justifier un si piteux comportement mais le temps presse et votre patience s’use.

[PS : illustration due à Elias Carpe.]