« Le zen nous enseigne le chemin de la libération de notre nature profonde hors des chaînes d’un Moi dépendant du monde. Il s’agit d’un exercice qui, comme la plupart des exercices proposés dans le monde du zen, est l’occasion de pénétrer dans la connaissance de notre propre être.
Cet enseignement n’utilise pas les moyens d’une pensée analytique, discursive, ni ne prend la forme d’une croyance dogmatique ou d’une métaphysique spéculative, mais se présente comme un chemin d’expérience et d’exercice ». (K.Graf Dürckheim)
L’approche de notre vraie nature d’être humain ne peut être abordée par l’entendement, mot qui désigne la faculté intellectuelle d’aborder les choses, de les concevoir, de les comprendre. L’entendement est le moyen de la connaissance raisonnée; c’est un processus mental.
Notre vraie nature est insaisissable par la pensée. Ce qui ne signifie pas que notre nature essentielle, notre propre essence est inconnaissable. L’organe de la connaissance est le corps-vivant dans sa globalité et son unité. (Le corps-vivant, Leib dans la langue allemande).
Zazen est donc un exercice de transformation de notre manière d’être et de notre manière d’agir en tant que corps-vivant. Ce mouvement de métamorphose, c’est dans la pleine attention à la respiration que nous l’expérimentons.
Assis, dans la tenue le plus juste qui soit pour un être humain, j’exerce la pleine attention au fait que « en ce moment je inspire » ! Je inspire, une action qui est perçue grâce à la sensation. L’acte d’inspirer n’est pas un concept, quelque chose qui aurait besoin d’être nommé, analysé, raisonné, pour être. Je inspire, donc je suis ! Si vous pensez que ce n’est que subjectif … arrêtez de inspirer !
Je suis ! Ce n’est pas une forme accomplie, définitive. Je suis, coule … coule … comme le souffle coule. Expérience qui me bouleverse chaque fois qu’elle me saisit : « lorsque je inspire, il n’y a — je suis — que dans l’acte d’inspirer ».
Il y a quelques semaines je fêtais le terme de quatre-vingt-cinq années d’existence. Et tout à coup se présentait cette question : « Quel âge a je inspire en ce moment ? ».
Ce questionnement m’a plongé dans la compréhension de cet avertissement repris par différents maîtres zen « Si tu n’acceptes pas la loi de l’impermanence, tu ne connaîtras jamais le grand calme intérieur ».
Zazen, c’est se glisser dans le passage. L’acte de respirer soutient notre vie qui, sans arrêt, passe.
En juillet dernier, le maître zen Hirano Roshi nous disait que « la respiration est la signature de la vie ! ». Et il ajoutait :
Il y a cent ou mille façons de méditer
mais ìl n’y a qu’une façon de pratiquer zazen
Jacques Castermane
Le terme sanskrit Guru ou Gourou désigne un enseignant reconnu dans des domaines comme la danse, la musique, ou un domaine de connaissance comme par exemple un chemin spirituel. Au Japon, on parle du maître zen comme on parle du maître de tir-à-l’arc ou du maître d’Aïkido (Senseï, Roshi, Oh Senseï). Le terme maître concerne bien entendu la maîtrise d’un savoir-faire mais plus encore la transformation intérieure à laquelle a conduit la pratique artistique, artisanale ou spirituelle enseignée par cet homme ou cette femme. Graf Dürckheim, parlant de son maître de tir-à-l’arc écrit: « un maître zen a toujours infiniment de temps intérieurement ».
Journées de pratique animées par Jacques Castermane . Samedi 28 et dimanche 29 mars 2020 – P A R I S