La nouvelle enseigne Bask Bank que vient de lancer la Texas Capital Bank abrite un unique produit. Il s'agit d'un compte disponible exclusivement en ligne, sur lequel les consommateurs sont invités à amasser leurs économies. Son originalité est qu'il ne sert aucun intérêt à ses clients, en arguant que les taux actuels conduisent à des rendements symboliques qui ne méritent même plus d'être mentionnés. En guise de substitut, elle leur offre des miles du programme de la compagnie American Airlines.
Lors de la souscription, l'utilisateur peut, au choix, fournir les références de son compte AAdvantage existant ou bien en créer un nouveau. Dès cet instant, les sommes placées auprès de Bask Bank vont lui faire gagner des crédits, à hauteur d'un mile par dollar et par an, qu'il peut convertir normalement, par exemple en échange de réductions sur ses voyages. Avec une valeur moyenne estimée de 2,6 cents par mile environ, la proposition est plutôt alléchante, en comparaison des solutions d'épargne classiques.
Bien sûr, la valeur réelle (et le coût final pour l'institution) est beaucoup plus faible, ne serait-ce qu'en raison des millions de miles qui restent inutilisés par leurs bénéficiaires. Mais l'initiative est surtout notable par sa tentative de transformer les habitudes formées par des siècles de pratiques bancaires. L'objectif est en effet clairement de faire admettre aux clients que la conservation de leur argent est un service qui leur est rendu, qui ne vaut pas une rétribution mais, tout au plus, de récompenser leur fidélité.
Si l'approche est audacieuse, elle constitue une réponse logique, d'une certaine manière, à une situation extrêmement difficile, dans laquelle les banques sont prises en étau entre une impossibilité de maintenir des taux d'intérêt à un niveau raisonnable (voire juste positif) et la nécessité de continuer à attirer les dépôts pour alimenter leur activité de crédit. Plus gênante est la volonté apparente, en arrière-plan, de faire disparaître le principe même de rémunération de l'épargne, qui serait néfaste pour les consommateurs en cas de retournement de la tendance sur les taux (s'il intervient un jour).