#2020RacontePasTaVie - jour 36, la poussière

Publié le 05 février 2020 par Aymeric


Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais je suis depuis longtemps engagé dans une guerre.

Une guerre qu’on ne peut ni gagner ni terminer, celle contre la poussière.

Je sais bien que, comme tout un chacun, je suis destiné à retourner à elle un jour mais en attendant c’est elle qui revient encore et encore là d’où je l’avais chassée telle cette mouche qui s’obstine, jusqu’à la folie de sa victime, à se reposer sans cesse là d’où le revers de main l’avait délogée. Matérialisation de l’infini dans ces allers et venues, comme une entrouverture donnant un aperçu de l’enfer.

Mais revenons à nos moutons de poussière.
L’ennemi, ou devrais-je dire le persécuteur, se présente essentiellement sous trois formes dans ses éternels retours :

- En plaques étendues sur les surfaces un tant soit peu planes, les habillant d’un vieilli de gris ou de blanc suivant le temps mis à les recouvrir en uniformes couches.

- En amas enroulés en spirales sur quelques résidus kératineux. Cachés au sol, dans les recoins, derrière des portes, aux pieds de lampes ou de porte-manteaux à l’abri des regards distraits et des passages trop pressés de l’aspirateur. Versions domestiques, timorées, urbaines et ternes des tumbleweeds américains.

- En ballets suspendus, particules blanches et fines s’agitant dans les rais qui traversent l’appartement. Elles signent dans leurs danses aériennes leur immortelle invincibilité et reviennent s’installer, vous narguant avec grâce.

Bien que laissant parfois, souvent même, l’adversaire asseoir très ostensiblement sa domination je me remets à l’ouvrage, valeureux pongiste toujours perdant renvoyant inlassablement une balle dont il sait qu’elle ne peut que revenir.
De ces choses, j’ai su prendre mon parti. Je pourrais philosopher longuement à ce propos mais le temps presse et votre patience s’use.