Dis à quoi tu danses ? - Compagnie 6e dimension - Centre Culturel Le Sillon- Pleubian, le 1 février 2020

Publié le 03 février 2020 par Concerts-Review

Dis à quoi tu danses ? - Compagnie 6e dimension - Centre Culturel Le Sillon- Pleubian, le 1 février 2020

Etant gosse, avais-tu peur du loup, de l'obscurité, de l'ogre, du monstre, du fantôme, du vampire, de la sorcière, du croque-mitaine, du diable, des cimetières, du château hanté...?

Oui, forcément, papa et maman t'ont raconté Charles Perrault, Die Brüder Jacob und Wilhelm Grimm ou Hans Christian Andersen et, comme tes frères, tu as adoré ça et tu en redemandais.

L'émerveillement de l'enfance, tu l'as retrouvé dans la chorégraphie imaginée par Séverine Bidaud et sa 'Dis à quoi tu danses?' , présentée dans la superbe salle du Sillon à Pleubian. Compagnie 6e dimension pour la représentation de

Le spectacle a tenu en haleine le public , composé majoritairement de mouflets fréquentant l'école maternelle ou l'école élémentaire, pendant 45' intenses, durant lesquelles enchantement, apitoiement, angoisse, sympathie, soulagement, exaltation, jubilation sont les sentiments qui se sont succédés chez les petits et les grands, tous conquis par la maestria des danseurs, de l'équipe technique ( ingé son- éclairagiste, responsable des effets, du montage vidéo...) , du régisseur ou de l'habilleuse.

Tu ressors de là ébloui, des rêves plein la tête, et avec le cerveau comme dépollué, remis à neuf, prêt à affronter le monde, mesquin, avec une énergie nouvelle.

Sur scène, ils sont quatre, seulement, des fois, t'avais l'impression d'en compter 10 par la magie de la vidéo et des dessins: Séverine Bidaud, Sandra Geco , Cault Nzelo et Clément James, tous et toutes passés maître dans l'art du hip hop et de la danse classique.

Séverine, co-fondatrice de la Compagnie, s'illustre sur les scènes depuis 1/4 de siècle, elle s'est mesurée aux meilleurs danseurs de hip hop lors de battles aux States, en tant que chorégraphe elle a monté plusieurs spectacles dont "Dis à quoi tu danses ?" créé en 2015.

La trajectoire de Sandra Geco Mercky mentionne des comédies musicales ( Adam et Eve, la seconde chance d'Obispo, e a,) une participation au spectacle ' Speak low if you speak love' d'Ultima Vez, la compagnie de Wim Vandekeybus, ou au 'Don Quichotte du Trocadéro' de Jose Montalvo.

Le danseur urbain Cault Nzelo, après un passage par le UK, intègre les troupes normandes P3 ou S2H , quant au jeune Clément James, venu du break dance, il intègre en 2017 la troupe de Séverine Bidaud, après avoir travaillé, notamment, avec le chorégraphe de Bordeaux, Hamid Ben Mahi!

Séverine Bidaud propose une relecture de trois contes archi-connus, La Petite Fille aux Allumettes ( Andersen) , Le Petit Chaperon Rouge ( Perrault ou Les Frères Grimm) et Le Vilain Petit Canard ( Andersen).

Le rôle de la marchande d'allumettes, le fil conducteur du récit, est tenu par Séverine, Sandra sera la petite fille batifolant dans les bois en route pour rendre visite à Mère- Grand, Clément personnifie le loup et le personnage du canard, rejeté par tous, est joué/dansé par Cault.

Il faut ajouter que chaque intervenant incarnera d'autres fonctions, en changeant de tenue de scène à la vitesse de l'éclair pour donner la réplique à celui ou à celle qui évolue face aux spectateurs.

Elle combine des compositions originales, signées Clément Roussillat et Jean-Charles Zambo et des extraits du Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns et du Lac des Cygnes de Tchaïkovski.

Il est fait de créations visuelles féériques, de dessins naïfs, évoquant Raymond Peynet, de flous artistiques te plongeant dans un univers onirique où tu ne parviens plus à distinguer ce qui est réel et ce qui est songe.

Tu discernes des étoiles, de la neige, une brave dame, âgée, à la voix douce, des arbres nus, des fleurs virtuelles ou vraies, un bec de gaz, des jambes, des ombres... et tu penses à Walt Disney, Tex Avery ou à Danny Kaye... tu as 8 ans, demain,c'est dimanche, il n'y a pas école, super!

Revenu à la réalité, des flashes te reviennent, la petite vendeuse d'allumettes en guenilles, tremblant de froid, les passants l'ignorent, elle est seule, fragile, elle craque le brin de bois, voit ou imagine voir des choses, des gens, un avenir moins morose, elle danse, virevolte, craque une autre allumette, entrevoit une autre jeune fille, habillée de rouge, celle-ci passe en avant plan, se promène, batifole, sautille, rencontre le loup, tente de le fuir, s'en approche, le touche, entame un corps à corps avec l'animal, est-il ami, ennemi, à nous de voir?

Les figures dansées sont superbes, audacieuses, tendres, surprenantes, revoilà la fille imaginée par le conteur Danois, puis un drôle de volatile, maladroit et bavard, le vilain petit canard, vite rejoint par deux palmipèdes femelles tenant un langage farfelu.

La marmaille rit, les adultes encore plus fort... Oh, Donald Duck... souffle Carole à sa maman, le ballet burlesque est désopilant, les commères s'éclipsent pour faire place à un cygne, le ballet reprend en mode moderato, la danse des petits cygnes, avec Sandra Geco comme danseuse étoile.

Là-haut, Rudolf Noureev est impressionné, nous aussi!

Le boucle est bouclée, le rideau va tomber, il faut ouvrir les yeux et revenir sur terre.


Elle t'a dit: c'était trop bien, magique, poétique, féérique, tonique, athlétique...

Putain, tu fais dans le dithyrambique, Monique!