Avant, tout ce qui est dans ce livre se passe avant, avant le présent, soit il y a environ 30 000 ans, ou plus. Une époque où des puissances aujourd’hui disparues agissaient encore, sorte de Parques, jouant la vie et la mort des êtres sur terre. Elles sont trois soeurs ici : Loÿan, Yïelene et Czatibä. Leurs voix sont toujours autour de Maÿtio, la femme de Néandertal, dont le clan a été massacré. Elle a échappé à la mort grâce à deux de ces soeurs, la troisième semant des embûches à sa survie. Cela a l’apparence d’un conte où les fées sont conviées pour décider du destin de l’enfant. Mais pas de berceau ici. La terre, les saisons rudes, le feu qu’il faut entretenir et la grotte, refuge miracle où Maÿtio va tracer l’encolure et le dos d’un cheval, une jument, E’wã, que Czatibä lui a ravie. La flamme de la torche fait tressaillir la crinière et les muscles de E’wã, puis oriente son oeil. C’est la naissance de l’art, images qui vont se multiplier, donner lieu à des rencontres de nouveaux clans jusqu’au fond de la grotte où l’on côtoie des lions, des ours, des buffles, réels ou dessinés. Tous les arts y apparaissent : dessin, peinture, musique, et arts de la parole, au plus près des couleurs, des bruits, des formes de la nature et de la vie animale, végétale ou minérale
Ce livre invente des signes, pour évoquer la parole, nouvelle peut-être, de Maÿtio et de celles et ceux dont elle partage l’existence selon les saisons. Et il propose une réécriture de la Genèse et de l’Apocalypse, délibérément au féminin : « Dieu créa la femme à son image ‘ femme et homme elle la créa ‘ ».
Qui sera là au printemps prochain, qui manquera ?
Certaines rencontres de tribus font penser à celles que décrit dans un autre livre Bérengère Cournut.