photo : nydaily Fuite(s) nucléaire
De 19 à 30 m3 d'effluents uranifères (de l'Uranium mélangés dans un liquide) se sont déversés, par accident, dans une rivière de la Drôme dans la nuit du 7 au 8 juillet.
Cet effluent contenait 12g d'uranium par litre, soit un total de 224 à 300 kg d'uranium naturel.
Un incident de plus pour le nucléaire français, qui lève à nouveau de débat sur l'usage de cette énergie et sa sureté, notamment confiée à des sociétés privées.
L'incident a eu lieu sur le site de la société Socatri (filiale du groupe Areva) qui a en charge la maintenance et le traitement de certains déchets de l'usine d'enrichissement pour la centrale nucléaire voisine de Tricastin.
L'incident est classé niveau 1 sur l'échelle Ines, soit "anomalie sortant du régime de fonctionnement autorisé".
Selon la Socatri, seuls 75 kg d'uranium auraient rejoint la rivière, le reste (150 kg) s'étant répandu dans le sol.
Cette quantité d'uranium représente 100 fois ce que cette société est autorisée à rejeter par an dans la rivière.
Chronologie des faits :
- lundi 7 juillet - 19h00 : une alarme se déclenche sur le site de la Socatri, la société conclut à une fausse alerte.
- lundi 22h00 : un employé repère du liquide sous une cuve.
- lundi 23h00 : une ronde met en évidence un écoulement vers le bassin de rétention
- mardi 8 juillet - 3h30 : la Socatri constate que la vanne du bassin de rétention n'est pas fonctionnelle
- mardi 4h00 : la Socatri constate que le liquide est passé dans le réseau d'eaux pluviales (égouts)
- mardi 5h30 : le plan d'urgence interne est déclenché (10 heures après la première alarme)
- mardi 7h30 : l'antenne locale de l'ASN (Agence de Sureté Nucléaire) est informée de l'incident par la Socatri et prévient les préfectures de la Drôme et du Vaucluse, leur conseillant de prendre des mesures de restriction dans la zone impactée (la Gaffière, Lauzon et le Rhone) : pêche, consommation, baignade, activités nautiques et irrigations avant même toute expertise.
- mardi 11h30 : c'est au tour de IRSN (Institut de la Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) d'être informé de la fuite
- mardi 13h30 : la préfecture informe les élus locaux des mesures de restriction (29 heures après la première alarme)
- mardi 16h00 : le préfet publie l'arrêté de restriction sur les eaux des rivières
- mardi 17h00 : l'IRSN réalise les premières analyses et mesures sur place et constate des valeurs 1000 fois supérieure à la radioactivité naturelle des eaux lors du passage du pic de pollution et un rapide retour à la normal ensuite.
- mercredi 9 juillet : les mesures dans la rivière repassent sous le seuil défini par l'OMS (organisation Mondiale de la Santé) pour la consommation humaine, soit 15 µg/L. Les mesures dans la nappe phréatique ne révèlent aucune incidence significative. Toutefois l'IRSN note plusieurs mesures hors normes dans la nappe sans pouvoir en déterminer la cause. En effet cette zone ne doit pas pouvoir être contaminée avant plusieurs semaines (du fait du temps d'infiltration nécessaire dans le sol).
Certains y voit le signe d'une précédente contamination non déclarée, la CRIIRAD parle d'anciens déchets militaires stockés non loin de là... En effet derrière le site on trouve un site de stockage de déchets nucléaires militaires contenant : 760 tonnes de barrières de diffusion (déchets), 46 m3 de filtres contaminées, 14 000 m3 de fluorines et des boues radioactives. Ce site a été utilisé de 1969 à 1975. En 1977, la nappe phréatique était déjà contaminée. De 1980 à 1998, les exploitants pompent la nappe phréatique contaminée et la déverse dans le Rhône : plusieurs millions de m3... - jeudi 10 juillet : l'ASN fait une inspection poussée du site sur l'incident
- vendredi 11 juillet : l'ASN publie un premier rapport d'inspection, pointe les défaillances de la Socatri et demande la fermeture du site
- vendredi : L'autorité de sûreté nucléaire suspend les activités de la station de traitement des eaux et prévoit une amende à la société Socatri.
Lors de son inspection l'ASN a relevé une mise en sécurité pas complètement satisfaisante, des conditions d'exploitation irrégulières et une gestion de la crise montrant des lacunes en matière d'information...
La Socatri a donc cessé son activité et mis en place un plan de mesures et de surveillance ainsi qu'une opération de décontamination du site d'exploitation.
L'IRSN présente sur son site une carte interactive qui permet de situer le site et les points de mesures avec les résultats : les points bleus sont les mesures sur les eaux de surface et les points orange les eaux de la nappe phréatique.
A la sortie des eaux pluviales, dans la rivière Gaffière (ES2), il a été mesuré par la Socatri une valeur de 41600 µg/L d'uranium le mardi à 10h00, les normes OMS pour la consommation humaine est fixé à 15µg/L, ici c'est prêt de 3000 fois plus.
A l'embouchure dans le Rhône (ES13, à 8 km du site), il a été mesuré un pic de 94µg/L le mardi vers 14h00.
Le site AEP4 (juste en dessous de l'étang le Barras) est celui qui laisse perplexe les agents de l'IRNS et de l'ASN avec ces mesures anormales : 70 µg/L le mercredi vers 14h.
Les premières mesures effectuées sont le mardi matin vers 6h30, réalisées par la Socatri. Sur la plupart des points situés après le réseau pluviale et dans la rivière ce sont ces mesures qui sont les plus élevées, indiquant qu'alors le pic de pollution est déjà passé... A l'embouchure du Rhône, le pic semble situé le mardi vers 14h00, c'est à ce moment là que les élus locaux était informés par le préfet de l'incident et que l'information a été rendue publique, les premières mesures de restrictions s'activant.
On sait maintenant que la pollution semble avoir eut un impact faible, à part le passage du pic de pollution. Or ce pic était déjà passé lorsque les premières mesures ont été prises.
Le plus triste dans cette histoire, c'est que ces nappes phréatiques ne semblait pas surveillées avant cet incident avec pourtant un dépôt de déchets nucléaires qui avait déjà pollué une nappe et une usine de traitement que tous savaient en mauvais état.
L'uranium qui a fuit de la Socatri serait de l'uranium naturel. L'uranium naturel est celui que l'on trouve dans la nature et il contient un composé de divers isotopes (variante) dont 99% d'U238 qui a une durée de demi-vie de 450 millions d'années (le temps nécessaire à ce que 50% de la radioactivité disparaisse).
C'est à partir de l'uranium naturel que l'on produit l'uranium enrichi (en augmentant la proportion d'U235 le seul utilisable pour produire de l'énergie).
Une analyse indépendante de la CRIIRAD a trouvé quelques traces d'U236, ce qui - si cela est confirmé - indiquerait qu'il n'y avait pas que de l'uranium naturel dans ces effluents.
Dans notre région on trouve 3 centrales nucléaires : Blaye (4 réacteurs), Civaux (2 réacteurs) et Chinon (5 réacteurs).
Déchets nucléaires
Plusieurs catégories avec des durées de demi-vies variant de 30 à 14 milliards d'années.
La France produit annuellement environ (uniquement pour le nucléaire destiné aux centrales productrices d'électricité) :
- 4 millions de tonnes de résidus de minerais
- 7000 tonnes d'uranium appauvri
- 1200 tonnes de combustible irradié dont 400 tonnes ne seront pas retraités
- 37 tonnes de déchets ultimes pour lesquels il n'existe aucune solution
Voir le dossier assez complet Déchets Nucléaires du collectif "Sortir du Nucléaire"
Pendant ce temps là notre président continue sont travail de commercial en vantant les mérites du nucléaire français aux pays du bassin méditerranéen pour leur vendre cette technologie... propre.