Olivier Norek : Surface

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Surface d’Olivier Norek    4,5/5 (28-05-2019)

Surface (424 pages) est sorti le 4 avril 2019 aux Editions  Michel Lafon (collection : Thriller).

L’histoire (éditeur) :

Noémie Chastain, capitaine en PJ parisienne, blessée en service d’un coup de feu en pleine tête, se voit parachutée dans le commissariat d’un village perdu, Avalone, afin d’en envisager l’éventuelle fermeture.
Noémie n’est pas dupe : sa hiérarchie l’éloigne, son visage meurtri dérange, il rappelle trop les risques du métier... Comment se reconstruire dans de telles conditions ?
Mais voilà que soudain, le squelette d’un enfant disparu vingt-cinq ans plus tôt, enfermé dans un fût, remonte à la surface du lac d’Avalone, au fond duquel dort une ville engloutie que tout le monde semble avoir voulu oublier...

PRIX 2019 MAISON DE LA PRESSE

Mon avis :

Noémie Chastain, capitaine à la brigade des Stups à Paris, est grièvement blessée lors de l’interpellation d’un dealer. Défigurée et profondément marquée, elle reprend du service en sein du groupe après quelques mois de convalescence, mais reste privée de terrain car présentant une flagrante défaillance à maîtriser son arme de service. Elle est finalement très vite recalée à Decazeville dans l’Aveyron par ses supérieurs (qui ne sont pas prêts à voir sa gueule cassée), où elle doit évaluer l’intérêt du commissariat à l’heure des restrictions budgétaires (en vue d’un éventuel transfert de l’activité vers la gendarmerie).

Installée au village d’Avalone (un petit coin paisible) depuis un mois, pressée de retrouver sa place de chef de groupe aux Stups du Bastion elle met donc en place son rapport sur la pertinence du commissariat en charge des cinq communes alentour et des 48 policiers dirigés pat le commandant Roze (qui lui a officieusement laissé la charge de commander le GAJ, groupe d’appui judicaire) et finit par s’attacher aussi bien aux lieux (finalement très reposants) qu’aux hommes. Alors qu’elle est sur le point de quitter, un cadavre de gamin totalement décomposé et conservé dans un fut fermé hermétiquement émerge du lac artificiel.

« C’est l’ancien village qui libère ses fantômes. Ça ne présage rien de bon. »

Certains secrets vont enfin pouvoir refaire surface…

Surface est un excellent roman policier. Palpitant et passionnant, il met en place une intrigue que l’on suit avec beaucoup d’addiction tant par les faits qui se déroulent de manière fluide et sans aucune longueur, que par ses personnages, notamment No(émie) pour laquelle l’attachement se fait d’emblée.

Comme à son habitude, Olivier Norek use d’un réalisme saisissant. Son écriture est directe, précise, sans éléments inutiles, le rythme est endiablé et ses descriptions collent parfaitement à la réalité. Le lecteur est dedans, impossible de quitter les pages et ce scénario énigmatique qu’il suit avec beaucoup d’intérêt. D’ailleurs, à ce titre, les différents rebondissements et le dénouement sont parfaitement orchestrés. On se laisse prendre au jeu des révélations avec stupéfaction sans que l’on puisse remettre en doute la crédibilité de l’intrigue.

Toutefois, si on retrouve ici la patte de l’auteur, je dois avouer que j’ai été surprise par le caractère plus profond de ce titre. J’ai trouvé là une certaine forme de poésie et quelques phrases aussi parlantes que délicates. Il met en lumière une protagoniste forte et pleine de blessures (sans pour autant jouer sur le pathos de la situation)  dans un lieu à taille humaine (où tout le monde se connait), loin des enquêtes parisiennes. Il s’agit aussi là d’un roman psychologique (mis en relief à travers une héroïne vraie, profonde, intelligente et complexe) sur la reconstruction (physique et psychologique) qui soulève quelques réflexions sur la beauté, le regard des autres, l’amour propre, les blessures et les secrets.

« L’enfer reste toujours le regard que les autres portent sur nous. Comme un jugement. Le regard qui nous examine, celui qui nous empêche d’oser, celui qui nous freine, celui qui nous peine, celui qui nous fait nous aimer ou nous détester. »

« Instinctivement elle tourna la tête de manière à ne laisser apparaître qu’un profil intact. Une larme perla sur son passé. Puis elle présenta son profil droit. La femme qu’elle était disparut pour laisser la place à un monstre inconnu et défiguré. »

Surface est un roman intense et qui soulève pas mal d’émotions (à de nombreux points de vue), un policier efficace et sans faute qui donne envie de retrouver No et ses nouveau coéquipiers dans de nouvelles aventures.

« Ce village et moi, nous portons les mêmes cicatrices. »

Note à l’auteur : Olivier n’arrête surtout pas d’écrire ! Je suis une vraie fan et ton style se bonifie à chaque roman. Vite le prochain !!!!