La photographie saisit et poinçonne dans l'aveuglement de la lumière, des instants de notre temps. C'est dans un montage sans fin, le film d'une présence au monde qui sera interrompu par le dernier clap. En attendant, les quatre photographes de cette exposition, dans des itinéraires sans autre but que donner libre cours à leur vacuité, parcourent des territoires. Point de destination si ce n'est de s'immerger dans la solitude et le silence du voyage à la recherche d'un équilibre intérieur. Se mettre en disponibilité, être dans le mouvement renversé de l'écoulement du sablier pour saisir les écarts, les fulgurances et retenir les grains de temps qui frappent leur rythme. C'est une affaire de tempo, de battement profond, qui à l'égal du flux sanguin dit leur tension au monde.
Deux d'entre eux expérimentent " l'image mouvement " ils utilisent la vidéo en photographe.
L'un, Serge Clément, travaille la durée par le temps, sans tournage filmique, en utilisant une bande son très visuelle et le montage d'images fixes qui, dans leur scansion et leur défilement, créent un récit filmique poétique d'une densité profonde.
L'autre, Jacques Damez, filme en plans fixes, au printemps et en hiver, des lieux choisis sur la carte pour leur toponymie (très évocatrice en Gaspésie). Zooms avant et arrière dans un cadre fixe nous font découvrir l'imperceptible par le grossissement en glissant d'une saison à l'autre.