En parallèle de Discovery, la franchise s'offre le retour de Patrick Stewart dans Star Trek Picard, une fantastique madeleine de Proust.
Retiré dans son vignoble en France, le capitaine Jean-Luc Picard replonge dans se remémore son passé pour venir en aide à une nouvelle connaissance. Pour l'occasion, on retrouve Sir Patrick Stewart 26 ans après la fin de la série New Generation et 18 ans après les évènements dépeints dans le film Nemesis, dont ce pilote de Star Trek Picard est la suite directe. Un retour aux sources rafraîchissant, une franche réussite.
CBS All Access continue de produire la franchise télévisuelle qui, après Netflix pour Discovery, est maintenant distribuée par Amazon pour ce Star Trek Picard. Toujours showrunnée par Alex Kurtzman, à la tête de la writers room de la saga intergalactique depuis les films de J.J. Abrams, la série empreinte les codes de ce renouveau visuel mais également narratif sans que cette filiation ne vienne parjurer son originalité. Contrairement à ses aînés, le show se passe exclusivement (pour l'instant) sur Terre et permet d'accentuer l'étude de personnages et galvaniser le rôle de Stewart, au plus près d'un futur réaliste.
All Generation
S'il développe l'intrigue de La Nouvelle Génération, notamment celle explosive du film Nemesis, qui terminait sur un climax d'anthologie avec le sacrifice de Data, Star Trek Picard permet au profane d'appréhender ces anciens concepts dans une nouvelle intrigue. Grâce à des flashbacks très empathiques, pour bien comprendre la relation entre le capitaine et l'androïde (toujours interprété par Brent Spiner), la série place astucieusement ses billes pour naviguer entre nostalgie et modernité.
©AmazonPatrick Stewart, octogénaire, peine à se déplacer quand la jeune androïde, interprétée par Isa Briones n'est qu'agilité. Une dichotomie qui se reflète aussi dans le tempérament des deux protagonistes, entre la sagesse et l'impétuosité, mais aussi visuellement alors que tout oppose les décors de chacun, des vignobles bordelais de l'un aux buildings lumineux de l'autre. Ainsi, on peut remercier la vétérante Hanelle Culpepper, qui s'inspire largement du style de Abrams avec ses lens flares et plans d'ensembles millimétrés, où les téléobjectifs encensent autant les scènes intimistes que celles musclées, toujours lisibles.
Mais loin de favoriser l'action débridée, Star Trek Picard préfère considérer une douceur humaniste comme moteur de l'intrigue. Relation père-fille, amicale ou souvenirs heureux, voilà ce qui prédomine dans cette suite inattendue. L'ultime frontière n'est finalement qu'anecdotique (même si le fil narratif tend à inexorablement à nous y conduire) alors que l'on reste au plus près du sol, de ces personnages profondément humains, comme nous, profondément nostalgiques de cet univers.