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João Cabral de Melo Neto – Poème

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

João Cabral de Melo Neto – PoèmeMes yeux sont des télescopes
à scruter la rue,
à scruter mon âme
loin de moi mille mètres.

Des femmes vont et viennent en nageant
dans des fleuves invisibles.
Des automobiles comme des poissons aveugles
composent mes visions mécaniques.

Cela fait vingt ans que je ne dis le mot
que j’attends toujours de moi.
Je resterai indéfiniment à contempler
mon portrait moi, mort.

*

Poema

Meus olhos têm telescópios
espiando a rua,
espiando minha alma
longe de mim mil metros.

Mulheres vão e vêm nadando
em rios invisíveis.
Automóveis como peixes cegos
compõem minhas visões mecânicas.

Há vinte anos não digo a palavra
que sempre espero de mim.
Ficarei indefinidamente contemplando
meu retrato eu morto.

*

Poem

My eyes have telescopes
trained on the street
trained on my soul
a mile away.

Women come and go swimming
in invisible rivers.
Cars like blind fish
compose my mechanical visions.

For twenty years I’ve not said the word
I always expect from me.
I´ll go on indefinitely gazing
at the portrait of me, dead.

***

João Cabral de Melo Neto (1920-1999)Pedra do Sono (Pierre du Sommeil) (1942) – Traduit par ? – Translated by W.S. Merwin.


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