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L’entreprise libérée : fable ou réalité ?

Publié le 31 janvier 2020 par Diateino

L’entreprise libérée : fable ou réalité ?Louise Browaeys a choisi un genre littéraire étonnant pour parler de sujets a priori peu poétiques comme la gouvernance ou les entreprises : la fable ! Son ouvrage « L’Odyssée des vivants » nous projette en 2058, au moment où nous avons dépassé la crise sociale et environnementale… Olivia, le personnage principal de cette fable, revient au cours de six veillées sur ce qui a permis de relever ces défis si complexes. Dans un premier temps, le changement avait consisté à libérer « les énergies, la parole, l’initiative, dans un exubérant décloisonnement ». Le mouvement qu’elle décrit pourrait bien nous rappeler celui des organisations libérées :

« D’exécutants, les personnes avec qui je travaillais sont devenues d’abord de bons suiveurs – ils aimaient mon idée, puis, peu à peu, certains étaient habités par la nécessité de transformer leurs vies et l’entreprise. Ils ont accouché d’eux-mêmes. Nous avons vécu quelque chose à la fois de très cohérent et de déstabilisant. Une naissance. Nous avons rééquilibré les salaires : ceux qui gagnaient le plus ont accepté de baisser leur niveau de vie. Nous avons retiré tous les signes de pouvoir, partagé les bénéfices de l’entreprise, divisé par cinq notre empreinte carbone, décloisonné les bureaux, permis à chacun d’être responsable de son périmètre d’action. C’est un exercice de patience. Je ne pouvais pas avoir en tête un modèle qui enferme les gens de l’entreprise. Je me devais de trouver avec eux et pour eux un fonctionnement qui leur convienne. J’ai eu d’énormes moments de doute, et j’aurais sûrement reculé sans l’aide de Colette, de mon compagnon Ulysse et de Léonard. Mais l’important pour moi était que ce soit leur solution – et après tout, peu importe de quelle solution il s’agissait. J’ai mis du temps à accepter de dire : « Je ne sais pas. Qu’est-ce que tu en penses ? » à quelqu’un qui venait me consulter. C’était la fin du manager sachant. J’ai tâché de développer le pouvoir d’agir de chacun et de favoriser les liens entre les personnes. J’ai abîmé mon confort professionnel, mais je devais en passer par là pour me sentir alignée. J’ai eu des moments très durs et des moments de communion avec l’équipe. (…)

L’entreprise libérée : fable ou réalité ?
Je comprenais comme chacun a une part de génie qu’il faut révéler et cultiver. Chez nous, on avait le réflexe de se taire en groupe et d’aller râler quand on se retrouvait seul. Nous avons choisi de travailler sur la maturité du collectif : nous devions appeler chacun à s’exprimer, à écouter, à partager sa gratitude, mais aussi ce qui ne lui convenait pas, à accueillir les compliments comme les retours plus négatifs. Nous voulions choyer les managers qui avaient une position inconfortable au moment du renversement de la pyramide et qui devraient trouver leur nouvelle place, par exemple celle de faire grandir les autres, d’être leur « porteur d’eau » ! Il fallait porter de l’eau aux porteurs d’eau ! Alors que plus personne ne voulait être responsable d’équipe, nous avons à nouveau récolté des candidatures. Nous avons senti comme une grande respiration. »

Ces quelques lignes illustrent bien ces émotions fortes et parfois contradictoires ressenties par les personnes qui s’engagent dans la libération de leur organisation. Ces mouvements génèrent à la fois du scepticisme, de l’enthousiasme, de l’engagement, de l’espérance, de la défiance. Il ressort des différentes expériences encore en cours qu’il faut une solide motivation pour maintenir le mouvement dans la durée et ne pas se contenter d’un séminaire participatif pour considérer que l’on a libéré son organisation. Mais les participants mentionnent aussi qu’ils n’imaginent plus arrêter dès qu’ils ont constaté l’impact des premiers changements de gouvernance. Pour compléter la lecture de la fable managériale par le partage d’une expérience concrète de libération d’une entreprise dans le domaine du transport, ne manquez pas « Nous réinventons notre entreprise » de Michel Sarrat. Il partage avec une grande transparence la transition de son entreprise vers une organisation libérée : Oui, c’est possible. Oui, c’est difficile, mais vous serez porté par le mouvement généré !


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