#2020RacontePasTaVie - jour 31, la bière

Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais je ne déteste pas la bière.
Au point d’en consommer probablement trop.
J’ai toujours eu – enfin, toujours… – eu la descente facile mais la bière s’est longtemps tenu éloignée des plaisirs gourmets les soirs d’excès de boisson.
Elle n’y entrait que par le principe dit de Chirac, « on peut boire davantage ».

Et puis j’ai découvert la Belgique.
Ma très chère Sœur y demeurant depuis plusieurs années j’ai eu plus d’une occasion de m’y rendre et d’y découvrir les cartes à rallonge en matière de bières que proposent les estaminets du cru.
Le suprême degré du raffinement étant que chaque bière est servie dans le verre lui correspondant exactement.

Le décorum n’aurait pas suffit à me faire basculer s’il n’avait été l’écrin d’une gamme de goûts et de textures de très haut niveau. Dès après mon premier séjour l’existence de la bièrologie – l’équivalent de l’œnologie pour les céréales fermentées – n’avait pour moi plus rien d’absurde, au contraire.

Avec le zèle du nouveau converti je cherchai à mon retour les brasseries ou caves à bières propres à me fournir les précieuses boissons.
C’est alors que je m’aperçus que ces dernières se multipliaient dans la capitale et autour, que le nombre de brasseries artisanales – suivant en cela l’exemple américain – faisait de même, qu’en somme mon récent engouement gustatif s’inscrivait dans un plus large mouvement de la société ou plus modestement propre à mon milieu socio-culturel.

En développant quelques temps plus tard un goût prononcé pour les bières dites IPA je ne faisais sans doute que confirmer que j’étais pris dans les filets sinon d’une stratégie marketing au moins d’un phénomène de mode.
Mais que devais-je faire ?
Refuser ces plaisirs ?
En prendre le contre-pied ?
Une telle réaction réflexe n’aurait été, dans le fond, guère plus personnelle et tout autant aiguillée par des influences extérieures. (Et peut-être le prétexte à d’orgueilleuses affirmations de supériorité déplacée.)
J’ai donc pris le parti d’assumer ces plaisirs, tout guidés qu’ils fussent, toute honte bue en bref.
D’ailleurs que diriez-vous d’une petite bière ?
A moins que le temps presse et que votre patience s’use.