seul et non pour l’ombre de ces chants
m’endormir même si l’autre à la traîne
vient au coeur pencher obscurément
au désert quelle paix à l’écoute
non qui dort pénible de quitter
sur la terre en bleu croulant la route
moi je les étoiles l’ont barrée
sans rancune ah ce n’est rien sur terre
d’un sommeil de l’âme plus au fond
qu’un de plomb voudrais-je ni repère
même obscur si c’est à qui la faute
d’un plus doux que la peine est si douce
non lui l’autre pour qu’en sommeil aussi
moi j’oublie vos nuits qui vertes poussent
et la mienne nulle trace laissez
m’endormir à fondre moi la glace
larme à peine au coeur pour le captif
qu’à vos murs cataleptiques il fasse
entrouvrir la bouche au bleu d’à-pic
pour qu’un chêne ou quel oiseau n’importe
je voudrais avec soupir plutôt
même si tant soit peu de soif déborde
de vos lèvres bruissent ou qu’un ruisseau
s’il ne reste pour l’ombre qu’une goutte
même à peine un souffle à regretter
non pour le froid du désert mais toute
moi la nuit où fondre au coeur l’étain
rien je ne déplore partie l’étoile
quelle paix sur les yeux cette nappe
mais non d’un qui croule sous la dalle
l’autre en cygne aux libres si j’échappe
***
Vadim Kozovoï (1937-1999) – Variation sur un poème de Mikhaïl Lermontov – Hors de la colline (Hermann, 1984) – Version française de l’auteur, avec la collaboration de Michel Deguy et de Jacques Dupin.