Si je mourais cette nuit
si je pouvais mourir
si je me mourais
si ce coït féroce
interminable
acharné et sans clémence
étreinte sans pitié
baiser sans trêve
atteignait son pinacle et se relâchait
si maintenant même
si maintenant
en entrouvrant les yeux je mourais
je sentirais que ça y est
que la lutte a cessé
la lumière ne serait plus un faisceau d’épées
l’air ne serait plus un faisceau d’épées
la douleur des autres et l’amour et la vie
tout cela ne serait plus un faisceau d’épées
et aurait raison de moi
pour moi
pour toujours
et que cela ne fasse plus mal
et que cela ne fasse plus mal.
*
Si muriera esta noche
si pudiera morir
si me muriera
si este coito feroz
interminable
peleado y sin clemencia
abrazo sin piedad
beso sin tregua
alcanzara su colmo y se aflojara
si ahora mismo
si ahora
entornando los ojos me muriera
sintiera que ya está
que ya el afán cesó
y la luz ya no fuera un haz de espadas
y el aire ya no fuera un haz de espadas
y el dolor de los otros y el amor y vivir
y todo ya no fuera un haz de espadas
y acabara conmigo
para mí
para siempre
y que ya no doliera
y que ya no doliera.
5 septembre 1952
***
Idea Vilariño (1920-2009) – Nocturnos (1955) – Traduit de l’espagnol (Uruguay) par Philippe Chéron.
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