Tout d’abord, je défie quiconque de me prouver que Greta Thunberg a exprimé une quelconque exigence en matière de voiture électrique. On peut apprécier ou non le personnage emblématique qui ne fait en réalité que redire avec force les observations et conclusions des scientifiques spécialistes du climat. Évidemment, elle a plusieurs « défauts » : elle est jeune, elle est femme, elle dit clairement ce qu’elle pense, elle vole la vedette à d’autres « grands » de ce monde, elle nous met tous devant nos responsabilités, etc. Ce n’est pas une raison pour lui faire dire ce qu’elle ne dit pas. Ce n’est alors que de la manipulation : l’auteur du montage vise clairement un public climato-sceptique prêt à en découdre avec celle qui secoue leur foi en une croissance aveugle et infinie, quelles qu’en soient les conséquences.
La question du cobalt est plus délicate. Il serait difficile de nier qu’il existe des mines artisanales au Congo qui exploitent le travail d’enfants. Ces mines existent, même si les gouvernements congolais ont pris, depuis 2013, des dispositions pour organiser les exploitants artisanaux en coopératives minières afin de mettre fin au travail des enfants dans les mines. Ces mines artisanales et illégales représentent un peu plus de 10% de l’extraction des minerais concernés, la plus grande partie se réalisant dans des mines industrielles où les enfants sont remplacés avec efficacité par de grosses machines. La production congolaise de cobalt correspond environ à la moitié de la production mondiale. L’exploitation d’enfants ne concerne donc qu’une très petite partie du cobalt extrait. Elle est néanmoins insupportable et les dénonciations de l’UNICEF ou d’Amnesty International sont à soutenir, d’autant plus qu’elles produisent des réactions positives chez la plupart des multinationales concernées.
Celles-ci ne sont pas uniquement des constructeurs de voitures électriques. Le cobalt est utilisé dans toutes les batteries lithium-ion, qu’elles alimentent les moteurs électriques, mais aussi nos téléphones intelligents, nos ordinateurs et tous ces appareils qui ont besoin de batteries… De nombreuses recherches existent pour y remplacer le cobalt et le lithium par d’autres composants, notamment le sodium, le vanadium, des algues… Il est ainsi plus que vraisemblable que d’ici quelques années, il n’y aura plus de cobalt dans les diverses batteries.
Ces constats n’enlèvent rien aux vrais problèmes environnementaux et sociaux liés à l’extraction du cobalt. Mais ils nuancent fortement l’affirmation caricaturale portée par la double illustration dénoncée.
L’illustration en question n’est donc qu’une double désinformation. Ses objectifs sont clairs :
- dénigrer tous ceux et toutes celles qui luttent pour que la problématique du climat soit réellement prise en compte, avec des mesures fortes qui impacteront d’une manière ou d’une autre sur notre petit confort ;
- dénigrer celle qui en est devenue, sans le vouloir vraiment, la messagère principale, et à travers elle remettre « à leur place » en particulier les jeunes et les femmes qui osent se rebeller ;
- dénigrer les voitures électriques en les accusant de maux dont elles ne sont pas principalement responsables, contribuant ainsi à diffuser les nombreuses contre-vérités dont elles sont victimes, sans doute parce qu’elles dérangent quelque part les esprits bien-pensants.