Jean-Claude Guillebaud parle régulièrement des méfaits de la surinformation dans sa chronique du Nouvel-Obs télé.
Nous sommes en effet submergés de toutes sortes de nouvelles comme si elles jaillissaient d'un robinet ininterrompu. A tel point qu'elles ne veulent plus rien dire et que nous les oublions au fur
et à mesure qu'elles se succèdent. Comment pourrions-nous, dans ces conditions, y trouver des outils qui forgeraient notre lecture du monde ?
Dans Les belles images, en 1966, Simone de Beauvoir s'inquiète déjà de cet excès d'information qui tue le sens de l'information :
"On voit les Actualités, les photos de Match, on les oublie au fur et à mesure. Quand on les retrouve toutes ensemble, ça étonne un peu. Cadavres sanglants de Blancs, de Noirs, des autocars
renversés dans des ravins, vingt-cinq enfants tués, d'autres coupés en deux, des incendies, des carcasses d'avions fracassés, cent dix passagers morts sur le coup, des cyclones, des inondations,
des pays entiers dévastés, des villages en flammes, des émeutes raciales, des guerres locales, des défilés de réfugiés hagards. C'était si lugubre qu'à la fin on avait presque envie de rire. Il
faut dire qu'on assiste à toutes ces catastrophes confortablement installé dans son décor familier et il n'est pas vrai que le monde y fasse intrusion : on n'aperçoit que des images, proprement
encadrées sur le petit écran et qui n'ont pas leur poids de réalité."