La panthère des neiges de Sylvain TESSON

Par Lecturissime

"Vénérer ce qui se tient devant nous. Ne rien attendre. se souvenir beaucoup. Se garder des espérances, fumées au-dessus des ruines. Jouir de ce qui s'offre. Chercher les symboles et croire la poésie plus solide que la foi. Se contenter du monde. Lutter pour qu'il demeure."

Quand Vincent Munier, photographe animalier et aventurier, propose à Sylvain Tesson de partir au Tibet à la recherche de la panthère des neiges, celui-ci n'hésite pas une seconde. Accompagnés de Marie, la compagne de Vincent Munier et Léo, son aide de camp, l'équipe se lance sur les traces de cet animal mythique. Pour avoir une chance de l'apercevoir, l'auteur apprend à se poser, à s'arrêter, redécouvrant la vertu du regard et de la patience. Il contemple, loin de l'agitation du monde qui nous happe et nous aliène bien souvent, à l'affût...

"L'affût était une prière. En regardant l'animal, on faisait comme les mystiques : on saluait le souvenir primal. L'art aussi servait à cela : recoller les débris de l'absolu." p. 48

"Attendre était une prière. Quelque chose venait. Et si rien ne venait, c'était que nous n'avions pas su regarder." p. 142

"Nous étions nombreux, dans les grottes et dans les villes, à ne pas désirer un monde augmenté, mais un monde célébré dans son juste partage, patrie de sa seule gloire. Une montagne, un ciel affolé de lumière, des chasses de nuages et un yack sur l'arête : tout était disposé, suffisant. Ce qui ne se voyait pas était susceptible de surgir. Ce qui ne surgissait pas avait su se cacher. " p. 125

Derrière ses considérations, l'auteur nous enjoint aussi à demeurer attentifs à notre planète et à la disparition de certaines espèces, puisque, comme il le dit si bien :

"La Terre avait été un musée sublime. Par malheur, l'homme n'était pas conservateur."

Toujours très bavard, ce qui est paradoxal dans un environnement silencieux comme celui qu'il décrit.

Pour moi, ce livre aura eu l'avantage de mettre en lumière le travail de Vincent Munier, qui offre des photographies animalières à couper le souffle, de ces oeuvres qui éveillent à la beauté du vivant. Sans grand discours.

Moineaux friquets, Vosges,Vincent Munier