De Vanessa Springora
Editions Grasset
Les mots sont choisis, posés, précis.
Les phrases sont sobres, fluides et claires.
C'est la voix apaisée d'une femme devenue adulte, qui nous conte l'histoire de l'enfant de 14 ans, meurtrie et abusée, qu'elle a été.
C'est émotionnellement un ouragan.
C'est le récit d'un crime.
C'est le témoignage d'une victime d'un pédocriminel encensé, admiré et protégé.
C'est insupportable.
De page en page, on assiste, impuissant, à l'effondrement d'une adolescente de moins de 16 ans, en prise avec les démons de son âge et d'un Diable, qui rôdait par là.
C'est irrespirable.
Sans père, sans repères, avec une mère aveugle et amère, tel un petit chaperon rouge, V. s'en va. poussée dans le dos, par les grands, seule, droit devant, droit dedans, dans la gueule béante d'un loup, toujours en chasse de nouvelle proie.
C'est insoutenable.
Elle y raconte la solitude, la sidération et le saccage publics, d'une enfant exposée et exhibée.
C'est l'enfance abandonnée jetée à la face d'une intelligentsia arrogante, qui aujourd'hui encore se cache derrière son petit doigt, arguant que c'était un autre temps, une autre époque.
C'est bien les mêmes gens, pourtant.
Bouleversant, rageant et réconfortant, quant à la capacité de résilience d'une enfant,
"Le consentement" de Vanessa Springora marque un tournant majeur dans la narration, l'appréhension et la lutte contre la pédocriminalité.
Un ouvrage nécessaire et incontournable. A lire absolument.
Téri Trisolini