Portrait de la jeune Esperanza de Sarachaga (vers 1858) réalisé par le photographe S.L. Levitsky à Saint-Pétersbourg et conservé dans les archives du Musée de l'Ermitage.
Certains de mes aimables lectrices et lecteurs se souviennent peut-être de mon intérêt pour Esperanza de Sarachaga, issue de la famille des Sarachaga, ancienne une famille basque de rang princier, et devenue par mariage Baronne (Freifrau) de Truchseß-Wetzhausen, et de mes recherches sur cette figure indissociable de la fin du Roi Louis II de Bavière. Au cours de mes investigations historiques qui m'ont permis de quelque peu approcher sa personnalité, je me suis senti de plus en plus proche de cette grande dame que je n'aurais sans doute jamais pu rencontrer dans la vie ordinaire si nous avions été contemporains, pour l'évidente raison du cloisonnement des castes sociales. Mais la recherche historique permet ce que la société ne tolère pas, et j'ai pu me lier d'amitié avec la Baronne, la faire chère à mon coeur. J'ai retrouvé sa tombe à Munich : elle fut enterrée aux côtés de son mari sans que la famille Truchseß ne prenne alors la peine de faire graver le nom de la défunte sur la pierre tombale, curieux oubli ou décision délibérée, je ne sais. Et depuis, de temps à autre ses mânes se rappellent à mon bon souvenir.La vie de chercheur-écrivain, pour passionnante qu'elle soit, est souvent solitaire, et davantage encore si ses intérêts sont extrêmement ciblés et ne suscitent qu'un intérêt limité sinon chez quelques spécialistes. Ainsi dans la littérature historique ludwighienne (adjectif-néologisme pour désigner le roi Louis II de Bavière), les auteurs ne consacrent-ils le plus souvent qu'un paragraphe, parfois une page, très rarement davantage, à mon amie Spera (c'est ainsi que l'appelaient ses proches et que son Esprit m'a donné l'autorisation de la nommer). J'ai pu lire ses journaux intimes, en allemand comme en français, son recueil de citations, j'ai retrouvé sa trace dans les journaux bavarois et français de l'époque ; je me suis intéressé au grand oeuvre de son frère, un fervent catholique quasi mystique qui a tant contribué aux recherches et à la propagation du culte du Sacré-Coeur, notamment grâce à sa fondation à Paray-le-Monial. Intrigué par plusieurs allusions aux lubies de Spera et à ses troubles psychiques, j'ai aussi retrouvé trace de ses séjours dans deux grands institutions psychiatriques,ce qu'on appelait alors des asiles (Nervenanstalt). Je l'ai encore rencontrée comme personnage d'un film muet consacré à Louis II, puis d'une comédie musicale et même dans une mise en scène ludwighienne de la Flûte enchantée de Mozart.
De temps à autre, la recherche et les publications conduisent à de nouvelles rencontres. Ainsi qu'elle ne fut ma surprise, très vite suivie de mon enchantement, d'être contacté par un membre de la famille de Sarachaga, la Princesse Stéphanie de Sarachaga, qui, passionnée par l'histoire de sa famille, a eu l'attention attirée par mes articles, et m'a gracieusement contacté et offert de partager nos découvertes. Est-ce l'âme ou l'Esprit de Spera qui a favorisé ce contact ? Je me plais à le croire.
Dernier avatar et dernier bonheur en date dans cette connivence, en lançant il y a quelques jours le moteur de recherche internet, j'ai découvert Der Psychiater des Königs, le roman d'un auteur d'origine bavaroise, Michael Seitz, qui a écrit un roman historique sur le professeur von Gudden et sur sa fin tragique dans les eaux du lac de Starnberg, un roman qui donne une place centrale au personnage de la Baronne Esperanza de Truchsess Wetzhausen et qui présente le grand intérêt d'avoir été écrit par un auteur qui fut autrefois infirmier psychiatrique et qui s'est intéressé à la vie quotidienne dans les asiles de la seconde moitié du 19ème siècle. Le prologue de son roman décrit l'internement de la Baronne qui, certaine qu'une conspiration se trame contre la personne du roi Louis II, parvient à tromper la surveillance de ses infirmiers et à s'enfuir.
J'ai aussitôt contacté M. Michael Seitz pour lui marquer mon intérêt et lui proposer d'évoquer son travail de romancier sur mon blog. Je lui aussi demandé l'autorisation de traduire son prologue et de le mettre en ligne, qu'il m'a gracieusement accordée. Qu'il s'en voie ici remercié. J'y reviendrai bientôt.
À suivre donc.
Post précédent sur Der Psychiater des Königs : https://munichandco.blogspot.com/2020/01/der-psychiater-des-koenigs-bernhard-von.html
Voir aussi www.michaelseitz.at