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Impulser

Publié le 28 janvier 2020 par Elosya @elosyaviavia

Impulser

Ok, nous sommes presque arrivés à la fin du mois de janvier, mais il est encore temps pour moi de vous souhaiter :

Une bonne nouvelle année 2020 !

Que cette année vous permette de prendre soin de votre jardin intérieur, de contempler les graines devenues fleurs, plantes vivaces ou ficus. Et aussi d’observer les herbes folles, les ‘mauvaises’ herbes, les végétaux inattendus qui se sont mis à pousser sans que vous ayez consciemment fait quelque chose et qui peuvent aussi se révéler utiles.

Pour ma part, 2019 c’est fini et c’est pas plus mal. De manière évidente, je pensais que cela serait une année faite de belles promesses, de beaux mouvements, de changements notables et sympathiques.

Eh bah bordel de cul, franchement, comment vous dire ? Comment vous donner une image de cette année passée ? Eh bien concrètement, c’est comme si j’étais partie en bord de mer, respirer les embruns, recharger mes batteries et que je m’étais aventurée sur une plage très jolie faite de petits cailloux. Mes pieds s’enfoncent, mais je m’en fiche, j’ai des bottes alors je continue à avancer encore un peu. Je m’arrête et je contemple au loin les rayons du soleil qui traversent les nuages.

Et puis un petit crachin se fait sentir. Au début c’est une sensation fraîche pas désagréable, j’ai mon k-way, un gros pull, un futal bien épais, un bonnet et même une capuche, je suis équipée. Y a pas de mal, ça ne m’atteint pas vraiment. Je me surprends même à fermer les yeux pour sentir la pluie.

Et progressivement, la pluie redouble d’ardeur, j’ai froid. Le vent s’y met. Un petit filet d’air au début et très vite, il souffle, FORT et je sens un courant d’air froid s’insinuer dans chaque interstice de mon être. J’ai une mèche de cheveux sur le devant qui vole de manière totalement décousue capillairement parlant, je me la reprends dans le nez, dans les yeux et sinon elle me frappe la joue. Je range cette mèche, j’essaie de la discipliner en la coinçant dans mon bonnet, mais non elle ressort immanquablement, me rappelant qu’elle veut faire sa vie. Les vagues, se soulèvent. Je suis déjà en train de repartir vers le parking, espérant atteindre la voiture et son habitacle protecteur. Je me dis : ah non non non, je ne serais pas trempée par les vagues…non non non je ne vais tout de même pas être trem…une vague me fouette dans le dos, puis une autre et je sens l’eau jusque dans mes chaussettes devenues humides. Quand je marche ça fait splietch, spleoutch.

Putain.

Alors je marche et je me prends le vent en rafale, des résidus dans la tronche, je glisse. Ah ça oui je glisse parce qu’il y a des algues. Moults, moults. Pourtant je n’avais rien senti, même pas vu à l’aller, qu’il y avait ces algues au sol. Je glisse dessus. Je me rattrape comme je peux. Je garde l’équilibre. Enfin j’ai autant d’équilibre que mon moi adolescente se rendant pour la première fois à la patinoire et qui n’a quasiment pas décollé de la rambarde, mais dont les patins glissaient avec une régularité effrayante parce que les patins ne souhaitaient pas rester immobiles près de cette foutue rambarde. Chaque pied dans une direction différente tout de même.

Enfin, j’arrive au bout de la plage. J’arrive sur le parking. Moins de vent. Fini les vagues. Du bitume. Toujours splietch, spleoutch dans les godasses, mais je m’en fous, j’arrive à la voiture. Soulagement, apaisement car je vais me mettre au chaud. J’ai une paire de chaussettes propres. Je vais conduire avec tiens. Je prends la voiture direction mon home sweet home pour me mettre au coin du feu et le regarder de manière hypnotique sécher mes chaussettes, une tasse de chocolat chaud à mes pieds et le gros plaid sur les jambes.

Ça me réconforte. Je commence même à trouver des petites pointes d’humour à ce qu’il vient de se passer.

Et c’est au moment où mon esprit est en train de vagabonder autour de ces pensées faites de feu de cheminée et de chocolat chaud. Au moment où je mets ma main sur la poignée pour ouvrir la portière, que j’entends le bruit d’une mouette. Une bourrasque me retire la capuche, fait s’envoler mon bonnet. Et il y a ce truc qui vient s’écraser sur ma tête.
Un excrément d’oiseau.

Ouais, c’est ainsi que je résume cette (complexe) année.

J’ai beaucoup appris. Oui. C’est assez fou quand même la capacité que nous avons à découvrir des choses sur notre personne à travers ce que l’on vit. Et particulièrement dans des moments difficiles. Mais pas que. D’ailleurs je me dis qu’il serait tout aussi intéressant que je saisisse l’apprentissage dans ce que je vis de sympathique.
Je découvre donc des aspects, des parties, des facettes de moi, insoupçonnées. À 38 ans. Je le sais pourtant que l’on n’est pas figé, que c’est mouvant à l’intérieur de mon corps, mon esprit, ma tête. Mon être dans son entièreté. Et en même temps, souvent je me demande : est ce que cette ressource, ce sentiment, ce malaise, cette réflexion bienveillante était là avant ? Par moment je me dis que c’est là depuis toujours ou très longtemps et que le brouillard s’est dissipé. Par moment je me dis que c’est moi qui l’ait construite, récemment.

Pour reprendre l’image poétique botanique du début, je prête grande attention à mon jardin cette année. Et à tout ce qui peut pousser dedans, surtout les jeunes pousses et les herbes inattendues. Elles sont fragiles. Je peux le reconnaître. Et en même temps, il ne faut pas croire qu’elles se briseront au premier coup de vent. Elles tremblent, elles penchent et puis à l’unisson elles se rassemblent entre elles, fortes de leur vulnérabilité collective elles grimpent, grimpent, grimpent. Un jour elles s’aperçoivent qu’elles sont tellement hautes qu’elles peuvent voir le toit du monde de là où elles sont.
Elles se penchent et regardent en bas et voient d’autres jeunes pousses et des herbes inattendues en devenir, alors elles se penchent encore plus pour leur livrer des récits qui parlent de plages, de mouettes rieuses et de plantes robustes qui se nourrissent constamment de sensibilités.

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