Bourbon Kid, tome 7 : Que le Diable l'emporte de Anonyme 5/5 (03-09-2019)
Que le Diable l'emporte (427 pages), septième volet de la saga Bourbon Kid, est sorti le 22 août 2019 aux Editions Sonatine (traduction : Cindy Colin-Kapen).
L’histoire (éditeur) :
Vous êtes bien-pensant ? Conformiste ? Poli, honnête et respectable ? Vous voulez le rester ? N’ouvrez jamais ce livre.
Tout le monde pensait que le tueur le plus impitoyable que la Terre ait jamais portée était mort. Et bien non. Le Bourbon Kid est bel et bien vivant.
Ce qui est une très mauvaise nouvelle.
Pour tout le monde, mais surtout pour lui.
Plutôt que de profiter d’une paisible retraite plus ou moins méritée, notre homme va en effet devoir régler quelques dettes.
Avec à ses trousses toutes les bonnes et les mauvaises âmes de ce monde, le Kid a la très mauvaise idée de se réfugier dans un monastère où sommeillent de sombres secrets. S’il a l’habitude d’affronter des vampires, des bikers, des ninjas, des policiers assermentés et autres créatures de l’enfer, faire face à un moine fou et des nonnes psychotiques est une autre paire de manches.
Mon avis :
Retour à Santa Mondega, cinq ans après la fameuse éclipse (cf Le livre sans nom, opus number one de la saga Bourbon Kid de Monsieur Anonyme), la fête de la lune est sur le point fête à nouveau célébrée. Bikers, Ninjas, Vampires et autres personnages déguisés sont bien évidement conviés à mettre le feu autour du Tapioca. Oups, redit du Livre sans nom ? ça serait mal connaître l’auteur ! Dans Que le Diable l’emporte, il est aussi question d’un pacte entre Annabel de Frugyn et le Diable, alias Scratch, qui a permis à certains morts de revenir à la vie.
C’est donc ainsi que l’on retrouve la bande de joyeux lurons au top de leur forme face à un tueur psychopathe et le Bourbon Kid pour un final grandiose. La boule serait-elle bouclée ?
Bon Dieu, voilà encore un sacré bon bouquin, de ceux un peu barrés, voir même totalement déjanté et qui pourtant tient si bien la route (oui, oui, promis l’intrique est judicieuse, logique et calée comme du papier à musique).
Qu’est ce qui rend ce nouveau tome si bon ? Le rythme endiablé, le séquençage superbement maîtrisé avec des fins de chapitre qui vous obligent à enchaîner tout de suite sur le suivant, aucun temps mort (et même quand l’action n’est plus au rendez-vous), l’humour noir décalé et un peu (beaucoup) vulgaire mais tellement jouissif, l’absurde omniprésent contrebalançant avec la tension et le suspens liés aux différentes histoires (celle de Jack Daniels et celles qui tournent autour des Dead Hunters, du Diable et de ses hommes/créatures) ….
C’est notamment ce décalage entre la gravité des faits (et la peur liée au destin des protagonistes) et l’humour qui accentue le plaisir de la lecture.
On pourrait croire à du grand n’importe quoi, mais absolument pas. Les détails ont leur importance et viennent pimenter le récit de loufoquerie maligne, de références (et de clins d’œil) et au final de beaucoup d’intelligence.
« Une fois que tu seras équipé, tu rencontreras un autre prisonnier, un homme du nm d’Éric Einstein.
- Eric qui ?
- Einstein le frère d’un Allemand célèbre.
-Hitler ? » Page 93
« Attendez une minute intervint Sanchez. Si quelqu’un a protégé cette ville d’une menace terroriste, c’est moi. Il y a quelques années, j’ai à moi tout seul sauvé un gratte-ciel rempli de ces salauds la veille de Noël. » Page 150
J’ai trouvé l’intrigue à couper le souffle. Entre la drôlerie de certaines situations, les dialogues décapants, l’horreur et le suspens, les cours chapitres s’enchainent avec une putain d’addiction (gros mot de rigueur !). Ce huitième tome est digne d’un Tarantino mixé du Dario Argento et du Deadpool. C’est très vulgaire, très caricatural, trash et sans finesse mais que c’est bon !
« A son arrivée, Dracula avait été condamnée à se faire enfoncer des ananas dans le cul pour l’éternité, un châtiment non dénué d’ironie puisqu’il avait passé la plus clair de son temps sur Terre à empaler des gens par l’anus. Ka tortue avait duré des siècles, jusqu’à ce quelqu’un finisse par remarquer qu’il en tirait du plaisir. » page 91
On croise un bordel du nom de Mary Poppers, Dieu, le Diable, Dracula, Jack Daniels, un Elvis, une Janis Joplin (qui sont loin d’être ceux auxquels vous pouvez penser), Robert Johnson…. et tellement d’autres personnages, un tas d’anti héros comme on en croise rarement, et malgré tout des protagonistes (pour la plupart) auxquels on s’attache.
Et puis enfin, Que le Diable l’emporte est loin d‘être couru d’avance. Impossible d’imaginer ce qui se trame quelques pages plus loin et encore moins le dénouement qui est juste parfait.
Le plus : oui, ok, c’est le huitième livre de la série. Oui, ok, il s’est passé beaucoup beaucoup de choses avant et les personnages ont déjà un lourd passif. Oui, ok, c’est une suite. Et pourtant, aucun souci de compréhension si vous n’avez pas été assidus. Le plaisir et la découverte ne sont en rien gâchés.
Toutefois, ne vous privez pas des sept autres volets, ça serait franchement dommage !