3 questions à Jean-Christophe Komorowski

Publié le 13 janvier 2020 par Planseisme @planseisme

Responsable scientifique des Observatoires volcanologiques et sismologiques de l’IPGP?, qui surveillent les volcans français actifs situés en Guadeloupe, à la Martinique, à La Réunion et depuis quelques mois à Mayotte

« Des observatoires pour surveiller et faire avancer la connaissance »

Quelles sont les missions de ces observatoires ?
La première mission est d’observer et de surveiller l’activité tellurique autour des volcans grâce à un réseau instrumenté. Ces données collectées viennent nourrir un programme de recherche plus fondamental sur les processus volcaniques et sismiques. Notre mission est donc également d’améliorer les connaissances sur le fonctionnement des volcans. Nous avons aussi un rôle d’alerte. Les observations sont comparées aux données collectées depuis de nombreuses années de façon à repérer un changement de comportement du volcan et ainsi proposer le cas échéant de revoir le niveau d’alerte d’activité volcanique. L’une de nos missions est en effet d’informer les autorités et de communiquer auprès de la population pour favoriser une meilleure perception des risques liés aux volcans.

Quelles sont les différentes technologies employées pour ces observatoires ?
Les réseaux sismologiques sont particulièrement denses pour chacun de ces observatoires et sont complétés par d’autres techniques de surveillance : mesures de déformation (par inclinomètre, GPS, et radar à partir de mesures de télédétection spatiale), géochimie et suivi des flux des émanations de gaz, des fumerolles et des sources chaudes, études du flux thermique ainsi que par plusieurs nouvelles technologies d’imagerie géophysique comme la tomographie muonique. Cette dernière technique utilise les rayonnements cosmiques pour radiographier l’intérieur du volcan. Six télescopes à muons sont installés autour du volcan de La Soufrière. Pour autant le réseau sismologique garde toute son importance. La sismicité est un indicateur incontournable de l’état du volcan.

Les résultats de la recherche menée sur un volcan sont-ils transposables à d’autres volcans ?
Chaque volcan a ses spécificités mais les recherches menées dans nos observatoires permettent de mieux comprendre les principes généraux des processus volcaniques. Par ailleurs les méthodes de mesure et d’imagerie développées sont applicables ailleurs. Notre expérience a notamment participé à la mise en place en quelques mois d’un nouvel observatoire à Mayotte (REVOSIMA) pour mieux comprendre l’origine de l’essaim sismique et désormais suivre l’éruption sous-marine en cours.

Station de surveillance de l’activité magmatique et sismique du Piton de la Fournaise
Source : BRGM?, F. Michel