Malik Zidi est acteur. Lire son premier roman était donc pour moi une curiosité… Dès les premières pages, ses phrases étonnent. Elles sont abruptes et recèlent un imaginaire aussi foisonnant qu’intime. On comprend très vite que Medhi, le narrateur, est un enfant seul et perdu dans un monde d’adultes effrayant. Sa mère est pharmacienne, en région parisienne. Ils vivent dans l’appartement d’à côté. Elle annonce constamment à son fils sa mort prochaine, à coup de grandes phrases grandiloquentes. Elle est originaire de Bretagne, où toute la famille se rend parfois en vacances. Medhi nous raconte alors des souvenirs confus et presque bienheureux, entre mémé lapin et un grand père aux larges mains affectueuses. Mais rien ne peut remplacer les souvenirs de l’Algérie, et de la prime enfance passée au soleil, sous la tendresse des ses grands parents paternels. Medhi est roux. Est-il légitime avec ses taches de rousseur ? La colère potentielle de son père, la folie de sa mère, envoient l’enfant dans sa chambre, ou sous la soupente, son repère, dans un univers onirique et fabuleux où vivent des monstres, des amis imaginaires, et l’ombre du soir. Malgré tous mes efforts pour essayer de m’immerger justement dans cet univers particulier, dans ce livre, je dois dire que je suis malheureusement restée en dehors. Je n’ai pas adhéré à cette écriture qui part pourtant des tripes et possède une force réelle. Les personnages qui tournent autour de Medhi sont restés trop esquissés pour mon goût. Trop d’éléments restent entre parenthèses, laissant le lecteur deviner tout seul les tenants et aboutissants. Je n’ai pas réussi à sortir du brouillard ainsi créé, ni à m’y sentir bien, ce qui n’est en aucune façon le but recherché non plus par l’auteur, qui entretient un climat où fantasmes et craintes se mêlent. Dommage. Ce n’était pas un livre pour moi.
« Souvent en classe, quand il faut faire silence et rendre sa copie, crac, ou au centre commercial dans les rayons des choses inaccessibles, crac, ou à la table de famille qui mange dans son bruit, crac. Des fois dans le bus, devant les autres élèves, je fais semblant de lacer mes chaussures à scratchs. Personne ne s’en aperçoit. Ils voient pas que je décède devant eux, que je me plie sous mes habits. Que j’ai envie de crever vite. Je ressemble à un vrai enfant pourtant qui fait gentiment ses lacets. Mais rien n’est vrai dans ces moments-là. Je suis pas un vrai enfant. »
Editions Anne Carrière – 24 janvier 2020
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…