Enfin ! Le dernier tome de la saga événement de Christelle Dabos est arrivé. Ce quatrième volume s’est fait attendre et l’impatience était à son paroxysme. J’ai, en effet, adoré l’univers atypique que l’autrice a su créer dans les précédents opus : un monde brisé, divisé en arches sur lesquelles chaque population a développé des caractéristiques particulières, un passé dont l’évocation est interdite, des esprits de famille (sortes de divinités mythologiques incarnées), et bien sûr une grande énigme à résoudre autour de « Dieu » et « l’Autre ».
Les personnages sont également hauts en couleurs et leur évolution psychologique complexe et intelligente. Bref, vous l’aurez compris j’étais ravie de tenir ce pavé entre les mains et de pouvoir enfin me replonger sur l’arche de Babel (pour retrouver mes avis sur les précédents volumes c’est ici).
Le livre : « La tempête des échos »
Crédit photo : L&T
L’autrice : Christelle Dabos est une jeune autrice française vivant en Belgique. Avant de se consacrer à l’écriture, elle souhaitait être bibliothécaire. Elle fait ses débuts au sein de la communauté d’auteurs « Plume d’Argent » qui l’incite à poursuivre sur cette voie. C’est en 2012 qu’elle devient la lauréate du Concours du premier roman jeunesse avec le premier tome de la saga de la passe-miroir : « Les fiancés de l’hiver». Pour la suivre c’est ici.
Le résumé : « Les effondrements se multiplient, de plus en plus impressionnants : Babel, le Pôle, Anima… aucune arche n’est épargnée. Pour éviter l’anéantissement total il faut trouver le responsable. Trouver l’Autre. Mais comment faire sans même savoir à quoi il ressemble ? Plus unis que jamais, Ophélie et Thorn s’engagent sur des chemins inconnus où les échos du passé et du présent les mèneront vers la clef de toutes les énigmes ».
Mon avis : Je dois bien avouer que quelques chapitres ont été nécessaires avant que je puisse retrouver les sensations qui m’avaient habitées lors de la lecture des précédents ouvrages. Il faut dire que l’intrigue est loin d’être simple et l’attente entre la parution du 3ème livre et la sortie de « La tempête des échos » a été bien longue. Difficile dès lors de se souvenir de toutes les pérégrinations des personnages. Cependant après un petit résumé trouvé sur internet, je me suis vite laissée emportée avec Ophélie et Thorn.
J’ai été un peu déçue de rester sur l’arche de Babel et de ne pas découvrir une nouvelle atmosphère. Toutefois, on sent bien que cette arche se trouve au centre de l’intrigue finale. De plus, on quitte l’Institution de la Bonne famille pour une autre, bien plus étrange : l’Observatoire des déviations : une administration des plus opaques qui étudie (grâce à des méthodes à la limite du barbare) les cas sévères d’inversion – comme celui de notre passe-miroir Ophélie – afin de résoudre les mystères des échos et de l’existence de Dieu et de l’Autre.
J’ai beaucoup aimé retrouver Ophélie, la maladroite intrépide. Cette dernière a pris énormément confiance en elle au fur et à mesure de l’histoire et ça fait du bien. Elle ose, ne doute plus de ses capacités à trouver la vérité et, surtout, s’est donnée une nouvelle mission : révéler à Thorn sa bonté d’âme, ce qui va s’avérer bien plus complexe que prévu.
Thorn est incontestablement un de mes personnages préférés : sous sa carapace d’homme froid, implacable, habité par l’ordre et la discipline, se cache un enfant meurtri et traumatisé par l’abandon des siens. Il souffre d’un mal si profondément ancré qu’il est convaincu de n’avoir sa place nulle part. J’ai été très touchée par ce personnage et j’aurais aimé qu’il se dévoile encore davantage dans ce dernier volume.
Ensemble, ils forment un couple dépareillé mais assorti, plein de tendresse et de respect l’un envers l’autre. C’est agréable de les voir évoluer en harmonie et mon côté fleur bleue en a redemandé.
Ce quatrième tome est riche en rebondissements et en révélations. Le rythme reste toujours soutenu, si bien qu’on ne s’ennuie vraiment pas en le lisant et pendant une grande partie de celui ci on se demande bien comment nos deux protagonistes vont pouvoir percer les secrets de ce monde rafistolé au bord de l’effondrement final. Finalement, tout se met en place au fur et à mesure à la manière d’un puzzle.
Je déplore tout de même deux choses dans ce dernier tome :
- Tout d’abord les personnages secondaires qu’on a pris plaisir à découvrir au long des trois premiers volumes passent vraiment à la trappe. Leur rôle est certes moins intéressant, mais je pense que quelques chapitres auraient tout de même pu leur être dédiés notamment à la fin de l’histoire ;
- J’ai trouvé certains passages à la fin du livre inutilement alambiqués. C’est dommage car je me suis, par conséquent, un peu distanciée de l’histoire.
Ce volet se ferme avec maturité et sur un sentiment doux-amer comme je les apprécie (même si j’aurais aimé quelques lignes supplémentaires pour mes nerfs).
Cette série de romans invite à se méfier du manichéisme, de l’eugénisme et de la quête du soi-disant progrès à tout prix quitte à se prendre pour Dieu. Elle rappelle également l’importance de la mémoire, celle-là même que les esprits de famille ont perdu. Le passé est pourtant trop important pour être oublié. Il est le témoin des erreurs de l’Humanité et une source d’apprentissage (malheureusement trop peu souvent exploitée). Selon moi, se cache également dans cette saga une quête quasi métaphysique : « Qui est je ? » « Qui est Dieu ? » « L’Autre est-il moi ? ».
En bref : « La tempête des échos » est une très belle lecture et je suis ravie d’avoir pu commencer l’année 2020 avec ce roman après une panne lecture l’année passée, même si je ne peux pas tout à fait parler du même coup de cœur que celui éprouvé pour « Les fiancés de l’hiver », « Les disparus du Clairdelune » et « La mémoire de Babel ».
Cette saga a, en tout cas, permis de révéler une incroyable autrice et je suis pressée de voir ce que l’avenir lui réserve !
Vous avez lu cette saga ? Qu’avez-vous pensé de ce dernier tome ?