Rivage de la colère, de Caroline Laurent

Publié le 30 janvier 2020 par Onarretetout

Chagos, connaissez-vous ce nom ? C’est un archipel dans l’Océan Indien, que l’Angleterre a détaché de l’Île Maurice quand celle-ci a voté pour son indépendance en août 1967. Suite à un accord secret (à l’époque où il a été signé), Diego Garcia, l’île principale de cet archipel, est devenue une base militaire américaine louée par l’Angleterre aux USA pour 50 ans (prolongés de 20 ans il y a peu). Mais cette île et les autres, avant ces tractations, étaient peuplées : l’Angleterre a procédé à l’évacuation brutale de ces populations sans possibilité de retour.

Caroline Laurent a longuement enquêté sur cette histoire avant d’y intégrer les personnages de ce récit qui nous fait partager la vie et les combats difficiles et courageux d’un peuple vivant dans la misère, tenu hors de l’école pour mieux le dominer, combats contre un pays colonisateur usant de méthodes illégales et de pratiques de corruption, au mépris des règles internationales. Ce combat est incarné, dans le roman, par Joséphin, fils de Marie-Pierre Ladouceur, une femme étonnante de volonté et qui propage son énergie autour d’elle. Gabriel, un jeune Mauricien, la rencontre quand il doit prendre ses fonctions sur Diego Garcia, ignorant alors les accords concernant l’île. Chacune, chacun transmet à ses proches, qui un coquillage, une porcelaine, qui un cahier, qui un nom, qui le courage, l'espoir, quand tout autour d'eux est calcul, vol, injustice. C’est leur histoire que mène Caroline Laurent, ou qui la mène, sans jamais relâcher notre attention. La voix de l’auteure vient se joindre à celles des Chagossiens pour que leurs droits soient enfin reconnus comme le recommande l’ONU. « Rendez-nous Diego ! ».

Et souvent, lisant ce livre, j’ai pensé à un autre livre, plus ancien, d’une autre île, Haïti : Gouverneurs de la rosée, de Jacques Roumain.