Louise Browaeys cherche aussi à réinventer l’entreprise et de façon plus globale, les systèmes de gouvernance, mais elle distingue par sa source d’inspiration : la nature. Agronome de formation, elle cherche à « inventer de nouvelles façons de vivre, entre nous, comme avec la nature ». Elle s’en explique dans son ouvrage « Accompagner le vivant » et fait ce parallèle avec le paysan
« Le paysan, témoin du dialogue incessant et fructueux des élément, peut largement inspirer les managers et les dirigeants d’entreprises pour sa capacité à observer les forces du réel et les interactions à l’œuvre. A lui de trouver ce qui fonctionne (les associations amies et la diversité salutaire), d’accepter les échecs et la rétroaction, et de faire avec ce qu’il a sous la main. Pour que chacun se sente bien à sa place, utilisant son potentiel, révélant son talent dans un périmètre (un espace vital, une salle de travail, un jardin) qui lui est alloué. Le métabolisme social est intimement lié à celui de la biosphère, il en est une partie irréductible.
Il existe bel et bien des résonances fortes entre le métier de paysan tel qu’il se réinvente aujourd’hui, dans le sillage de l’agriculture biologique, avec des mouvements comme la permaculture (sortir du contrôle et de la lutte des engrais et des pesticides chimiques, s’adapter au vivant, redonner à chacun sa vraie place dans l’écosystème, s’humilier), et le témoignage enthousiaste de certains salariés d’entreprises qualifiées de vivantes ou de libérées. Ces entreprises sont encore peu nombreuses : à peine quelques dizaines en France.
Et vous, comment le parallèle avec le paysan et une agriculture raisonnée pourrait-il vous inspirer dans votre pratique du management, dans vos interactions avec vos pairs ou avec vos clients ?
[1] Nous réinventons notre entreprise, de Michel Sarrat, aux éditions Diateino.
[2] Cité par Frédéric Laloux, Reinventing Organisations, éditions Diateino. On peut d’ailleurs regretter que les exemples cités, entreprises à la gouvernance écologique exemplaire, n’aient pas porté une égale attention aux produits qu’elles vendent (boîtes de vitesse, tomates de l’agriculture conventionnelle, etc.).Il leur faudrait agrandir el cercle de leur sentiment d’appartenance à la Terre entière.
[3] Xénophon, Économique, Les belles Lettres, 2008.