Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais la lecture occupe quelque place dans ma vie. A l'intérieur de cette place trônent en majesté une cinquantaine de livres. Et parmi ceux-ci, Romain Gary, le caméléon de Myriam Anissimov.
Comme c’est curieux. Une biographie ? Et pourquoi pas plutôt un livre signé Romain Gary ou de l’un quelconque de ses avatars ?
Alors, c’est prévu. Ce monsieur a eu pour moi suffisamment d’importance pour que la probabilité de le voir réapparaître ici durant cette année bissextile soit grande.
Mais cette biographie de Myriam Anissimov, précisément parce que Romain Gary compte, fut une lecture marquante.
Le contexte de lecture a pu jouer : Venise, que je découvrais véritablement pour la première fois (et en tombais amoureux de manière définitive).
L’enchantement que la ville produit a fort bien pu se répandre en une bienheureuse contagion.
Mais au fond peu importe les raisons annexes, cette lecture ne fit que renforcer – au point, je pense, de la rendre permanente – l’affection que je pouvais porter à l’écrivain aux deux Goncourt.
Cela aurait aussi bien pu être l’inverse.
Ce qui me touchait chez Gary c’était moins le romancier – parfois très bon comme dans Les Enchanteurs ou Europa, mais pas toujours – que la parole de l’homme qui a toujours su me parler comme directement pour me dire les choses les plus justes possibles selon mon cœur.
Et ce que la biographie révèle c’est à quel point l’homme pouvait se révéler invivable. Angoisses toujours sur le feu et narcissisme écorché, Romain Gray fut plus d’une fois un cauchemar pour ses proches.
Et bien, je n’ai trouvé sa parole textuelle que plus admirable. Ce qu’il aura fallu de lutte contre soi pour produire une sagesse si bien troussée.
Non, vraiment, j’aime infiniment Romain Gary.
J’en sens certains d’entre vous sceptiques. Vous serez difficiles à convaincre.
Le talent de Romain Gary n’est pas de ceux qui se démontrent. Il ne s’explique guère ou mal. Il vous cause. Le mieux serait sans doute de placer ici de larges extraits parmi mes préférés mais le temps presse et votre patience s’use.