Ces dernières années, l’écriture inclusive est arrivée au cœur de l’actualité française et au cœur des débats. Egalement appelé « langage épicène », cette méthode fait polémique. Elle est encouragée par de nombreuses administrations gouvernementales, ou par des entreprises privées, et en même temps, elle est boudée par d’autres. Mais elle reste floue pour la plupart des individus. Jobday décrypte pour vous cette méthode linguistique.
L’écriture inclusive, qu’est-ce que c’est ?
D’après la définition de wikipédia, l’écriture inclusive est un
« Ensemble de règles et de pratiques qui cherchent à éviter toute discrimination supposée par le langage et l’écriture. C’est l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les hommes et les femmes. »
L’écriture inclusive impacte les choix de l’orthographe à travers les mots, la syntaxe, la grammaire ou la typographie.
Une des raisons pour lesquelles l’écriture inclusive a été inventée est dans le but de contrer une règle d’accord du français en vigueur depuis le dix-septième siècle : le masculin l’emporte sur le féminin. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. Jusqu’au XVIIème siècle, il existait la loi de proximité, donc on pouvait dire « un homme et une femme sont belles ». Et il existait aussi la loi de majorité : « Mille hommes et une femme sont beaux, mais milles femmes et un homme sont belles. »
Les défenseurs de l’écriture inclusive considèrent que l’écriture d’une langue influe sur la conception sociétale et sociale des individus. De ce fait, avec la règle du masculin dominant au pluriel, la langue française aurait tendance à devenir patriarcale et à favoriser le genre masculin dans de nombreux domaines.
Ainsi, l’écriture inclusive se concentre sur 3 domaines de la langue française : les mots, la typographie et la grammaire.
Les mots : les Nomen agentis
Sur le plan des mots, les personnes pour l’écriture inclusive modifient les nomen agentis. Ce sont tous les noms qui touchent aux métiers ou aux activités des êtres humains.
De manière historique, fort est de constater que de nombreux métiers emploient le genre masculin. Cela est dû pour la plupart du temps au fait que les femmes ont eu accès à ces métiers très tardivement et par habitude, la forme masculine a été conservée. Par exemple, on peut citer les métiers de pouvoir. Les femmes ont atteint ces métiers à la fin du XXème siècle, mais pour autant certains nomen agentis ont conservé un seul genre. Ainsi, il est tout à fait courant de dire « Madame le Président », à la place de « Madame la Présidente ».
Là où certaines personnes n’y voient pas d’inconvénients, d’autres ont la sensation d’une « négligence » de la gente féminine dans ces domaines. Avec l’écriture inclusive, l’idée n’est pas de féminiser les mots, mais plutôt de les dé-masculiniser. Et oui, le mot « autrice » existait jusqu’au XVIIème siècle, pour disparaître puis revenir au XXème siècle.
La typographie
Concernant la typographie, l’écriture inclusive modifie la phrase en différents aspects. Cela dépend de la manière dont on l’emploie.
Le point médian
Le point médian désigne un point, d’une taille plus épaisse que le point qui conclut une phrase. Dans le cas du l’écriture inclusive, on l’utilise pour séparer l’accord des genres, ainsi que du singulier et du pluriel sur un mot. Ainsi, pour parler de toutes les personnes qui aiment lire, on dira : » les lecteurs· trices ». Certaines personnes, afin de se faciliter la tâche, utilisent le point du bas, et écrivent ainsi « les lecteurs.trices », mais cela va poser un problème, notamment pour les personnes malvoyantes et aveugles qui utilisent la dictée vocale sur leurs appareils pour lire. La dictée vocale peut en effet identifier ces points comme des séparateurs de phrases et ainsi lire de manière erronée le texte. Espérons que la technologie intègre la compréhension de l’écriture inclusive pour la dictée vocale.
Les traditionnels guillemets, la vielle méthode de l’écriture inclusive
On le sait moins, mais l’écriture inclusive est utilisée depuis longtemps avec l’usage des guillemets pour séparer les genres, singulier et pluriel. C’est la méthode avec laquelle on est le plus familier. En effet, lorsqu’on écrit : « Ce texte s’adresse à tous(tes) ceux(celles) concerné(es) par celui-ci », on utilise le langage épicène depuis longtemps, eh oui !
Les majuscules
Lorsqu’on veut employer le féminin et le masculin, le fait d’écrire la version féminine en majuscules est aussi une forme d’écriture épicène. De cette manière, on peut rédiger la phrase d’exemple comme ceci : « Ce texte s’adresse à tousTES ceuxCELLES concernEES par celui-ci ».
Grammaire et écriture inclusive
Les grammairiens des XVIème et XVIIème siècles ont combattu les règles de proximité et de majorité par pure idéologie, et ils en ont profité pour appliquer une nouvelle règle qu’on connait tous. Au pluriel, le masculin l’emporte sur le féminin. C’est en cela que la langue inclusive veut combattre la grammaire française actuelle. Le but est d’y réintroduire le féminin dans une place égalitaire à celle du masculin.
Il est très simple d’y intégrer l’écriture inclusive sans pour autant toucher à la grammaire. Il suffit de remplacer la règle du masculin qui l’emporte sur le féminin par les règles de proximité ou de majorité, comme évoquées plus haut.
Ainsi, au lieu d’écrire ainsi la phrase : « Ces dix femmes et cet homme sont beaux. », on préférera « Cet homme et ces dix femmes sont belles ». Le tour est joué !
La langue française et nos idées reçues sur l’écriture inclusive
- En français, le féminin est un genre marqué. Souvent, accorder un mot au féminin représente un effort peu rentable. Cela explique pourquoi le féminin a tendance à disparaître des accords de la langue dans certaines grandes instances.
- Non, l’écriture inclusive ne dénature pas l’orthographe ! Ce dernier ne répondant pas à des lois naturelles, il est impossible d’avancer cet argument. L’écriture inclusive est un code écrit, et ne change pas la langue en tant que telle.
- Non, la langue française n’est pas une langue sexiste ! C’est la société qui l’est ! A travers l’écriture inclusive, les défenseurs de celle-ci souhaitent rétablir un équilibre sociétal, et non combattre la langue française.
- Cependant, nier le fait qu’il n’existe aucun lien entre une structure langagière et le sexisme, c’est faux. Les sociétés évoluent trop vite par rapport aux langues, c’est un fait. Il faudra donc attendre un peu de temps avant de tirer des conclusions définitives.
Faut-il changer la langue française ?
Alors, on peut légitimement se poser une question : si on sait que la langue française en soi n’est pas sexiste mais que la société veut la rendre ainsi, quel est le véritable intérêt de vouloir changer l’orthographe ?
Deux réponses importantes :
- pour les générations futures. Car aujourd’hui les filles grandissent en apprenant une langue qui les exclut des postes à hautes responsabilités;
- pour inclure les personnes transgenres à la langue française.
Avec la crédibilité nouvelle et tardive donnée à la communauté LGBTQ+ dans notre société, beaucoup réfléchissent à comment leur faire une place dans notre langage. Et, par conséquent leur donner leur place de manière complète et durable. C’est un défi que souhaite relever l’écriture inclusive. Surtout que la langue française est une langue vivante. Donc il n’y a pas de raison qu’elle ne s’adapte pas à son époque.
Vous voilà à présent avec toutes les clés en mains pour comprendre et choisir d’employer ou non l’écriture inclusive sur votre site, dans vos communiqués, flyers, dossiers de presse et autres supports écrits. Et n’oubliez pas, la langue française a sans cesse évolué, et évoluera toujours. A vous de choisir la mouvance de celle-ci qui vous convient le mieux !
Si vous être prêt à intégrer l’écriture inclusive à votre site, profitez-en pour améliorer son référencement naturel en suivant nos conseils.
Si vous avez encore des doutes qu’il est temps de dé-masculiniser la langue française, on vous laisse écouter Noémie De Lattre.
L’article L’écriture inclusive, ne passons plus à côté ! est apparu en premier sur Jobday le blog.