Titre : Les nouvelles aventures de Lapinot, T3 : Prosélytisme & morts-vivants
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Janvier 2020
Lewis Trondheim semble vivre une période de retour aux sources. Après le retour de Lapinot, c’est Donjon qui revient dans les bacs des libraires. Concernant le premier, il a ressuscité il y a peu et c’est déjà le troisième album qui nous est proposé pour ses nouvelles aventures. Après « Les herbes folles », un récit muet publié case par cas sur Instagram, « Prosélytisme & morts-vivants » revient à un format plus classique. Le tout est toujours publié chez l’Association.
Un album plus étriqué que les autres
Pour rendre service à sa nouvelle petite amie, Lapinot accompagne un homme chargé par le gouvernement d’implanter des temples athées dans les villes de France. Il doit être son témoin de moralité. Évidemment, Richard l’accompagne, ce qui va entraîner nombre de catastrophes. Surtout que ce dernier essaie d’écrire un scénario sur des morts-vivants conducteurs de voitures et il a besoin du pragmatisme de Lapinot pour donner un sens à ses idées débiles.
L’idée du prosélytisme athée, voilà bien un thème qui correspond à Lapinot et plus largement à Trondheim. Le personnage, moralisateur, se retrouve au milieu d’un concept absurde, qui se veut bienveillant mais qui ne l’est pas tant que ça. Cela rappelle de loin l’album « Amour et intérims ». L’auteur y fait même mention lui-même de la société Damoclès. On retrouve bien sûr d’autres fondamentaux de la série : les conneries de Richard qui tournent mal par exemple…
Après un début d’ouvrage qui laisse présager un ensemble plus large, l’histoire se concentre sur le duo Lapinot/Richard. Après autant d’années ensemble, on étouffe un poil. Leur relation est en roues libres, mais il manque de nouveaux personnages (ou même la galerie des copains) pour respirer un peu. Là où la reprise de Lapinot était plus riche, avec des histoires parallèles et des personnages qui réagissent différemment aux situations, « Prosélytisme et morts-vivants » s’enferme dans une sorte de huis clos dans une petite ville.
Malgré tout, on retrouve le ton si cher à la série. Richard et Lapinot s’amusent à échanger leurs caractères. Les dialogues restent truculents, l’ironie sous-jacente est omniprésente. Chaque situation interroge le comportement de nos contemporains.
Le dessin ne surprendra personne. Il est au service de la narration. Agréable, lisible, efficace… Tout ce que l’on attend des planches de Lewis Trondheim. Le dessin parait toujours très simple et pourtant il est bien plus riche que cela. Un style reconnaissable immédiatement et qui fonctionne toujours aussi bien.
Ce « Lapinot » est une petite déception. Si l’album se lit avec plaisir, avec un thème intéressant et des dialogues réussis, il est un peu étriqué avec une galerie de personnages restreinte. Quand on voit la qualité des strips que publie actuellement Trondheim sur Instagram avec « Un peu d’amour », on voit clairement la différence. Du coup, on espère une publication de ces strips plein de fraîcheur dans l’avenir ?