Les conditions de travail soviétiques sont pénibles. On travaille 18 heures par jour. On est pas toujours payé convenablement. Au mérite souvent, ce qui reste subjectif. Les déséquilibres sociaux sont importants.
Ils veulent des votes par suffrage universel. Ce que la Russie n'aura jamais vraiment proprement. On veut remettre cette pétition au Tsar Nicolas II, mais celui-ci n'est pas à St-Petersbourg. Il déteste cet endroit qu'il considère un repaire à corruption. Il s'est retiré volontairement au Tsarskoïe Selo, Palais de retraite présidentiel.
Il sait qu'il y a vent d'hostilité et tente d'apaiser la crise en n'étant pas là, où les marcheurs l'attendront.
La marche est pacifique. On sera autour de 3000. Mais les chiffres soviétique sont toujours à douter.
On place les femmes, les enfants, les personnes âgées en avant, pour montrer sa bonne foi. On brandit des pancartes du Tsar pour assurer son écoute. La police ouvre même la marche, ce qui place tout le monde dans de bonnes dispositions sécuritaires. Les éléments plus anarchiques, plus violents et plus dangereux, comme les Mencheviks, les Bolchéviks et les membres du parti révolutionnaire ne prennent pas part à la marche, trouvant que ça manque justement de politique.
Mais ça, les unités de la garde impériale et l'armée, ne le savent pas. Tout comme les marcheurs ne savent pas que le Tsar n'est pas là où tout le monde se dirige. Les dimanches, habituellement, les familles se rassemblent à la perspective Nevsky, un parc tout près. Comme tout est fermé, il y a peut-être déjà plus de monde là qu'à l'habitude. Ces gens ne sont pas associés à la marche. Mais la marche y dévie naturellement mêlant marcheurs et citoyens au mauvais endroit, au mauvais moment, quand l'armée et la garde impériale choisit de tirer aveuglément sur le groupe de marcheurs, avant leur arrivée au Palais d'Hiver.
Le groupe de Gapone est frappé en premier et une quarantaine de gens meurent tout de suite ou sont blessés. La confusion devient vite totale. Ça tire de partout et sur tout. Les sources anti-gouvernement parlent de 4000 morts (ils prétendaient aussi être 150 000). Certains disent 132 morts. D'autres, autour de 1000. La gouvernement prétend 96. La vérité en Russie...vous savez...
Il a perdu une large partie de la confiance du peuple. Gapone s'en tire, mais fuira la Russie.
La 11ème symphonie de Dmitri Shoskakovich appelée l'année 1905, et son second mouvement appelé le 9 janvier, sont directement inspiré de ce terrible choc. Le père et l'oncle de Shostakovich étaient présents sur place, ce triste jour. Maxim Gorky a écrit La Vie d'un Homme Inutile autour de cet événement. Piotr Yakoubovitch écrit La Neige Rouge, un poème décriant ce crime d'État. Un poème ensuite imposé dans les écoles soviétiques. Avec un certain révisionisme et des marcheurs peut-être plus vils.
Valentin Serov peint Soldats, Héros, Où Est Passée Votre Gloire? la même année.
Ce drame sème le germe de la Révolution qui mènera au Manifeste d'Octobre.
Le massacre aura lieu aujourd'hui, il y a 115 ans.
Entre octobre 1905 et avril 1906, une sourde répression a lieue, on estime à 15 000 le nombre de paysans et travailleurs assassinés, 20 000 blessés et 45 000 autres forcés à l'exil.
Le régime a perdu son peuple.