L'histoire de ce musée est unique en Europe car un seul homme en a voulu sa création. Gilbert Delaine, que rien ne prédestinait au monde de l'art, tombe totalement amoureux de certains artistes modernes et se persuade qu'il doit les faire partager au plus grand nombre, à commencer par les Dunkerquois. Sollicitant l'aide de plusieurs chefs d’entreprise - 60 le suivront dans l'aventure - il amasse près de 1000 œuvres entre 1972 et 1982 dont Warhol, Arman, César… Sa collection permanente comporte des pièces acquises entre les années 50 et 80, qui proviennent uniquement d’artistes vivants, établis en France.
Le site est très particulier puisqu'il comporte un jardin de sculptures, comme les grands musées du nord de l'Europe, et que le LAAC adresse d'emblée un clin d’œil au visiteur par ses deux grandes pièces d'eau. Tel un ovni, le bâtiment en céramique blanche est placé entre mer et anciens chantiers navals, sur le site laissé vacant, une fois les habitants dont l'habitat avait été détruit par les raids aériens relogés.
"C’est presque une maison de la culture de l’époque, avec son architecture complètement ouverte qui reçoit tellement facilement la musique, la danse et toute forme d’art. On renouvelle notre collection deux fois par an", confirme Aude Cordonnier, ex-directrice du LAAC.
Autre spécificité, le cabinet d’arts graphiques à tiroirs du 2e étage où le visiteur est amené à ouvrir, et faire coulisser des panneaux contenant gravures, peintures, lithographies, sérigraphies,etc. d'artistes contemporains.
Après l'exposition Gigantismes en partenariat avec le FRAAC, c'est au tour de COSMOS, Silence, on tourne ! de s'installer au LAAC. L'avant-propos de Sophie Warlop, nouvelle directrice du musée, contenu dans le catalogue de l'exposition nous éclaire sur les contours du parcours proposé.
"Le LAAC aime à tisser, croiser et confronter l'art avec son temps. Quoi de plus présent, depuis le tournant des années 50, que la course à la conquête de l'espace, avec ses avancées, ses déconvenues, ses dates, ses victimes, ses pionniers... Elle marque d'autant plus les hommes que la grande majorité tourne, accrochée à une Terre que l'on dit aujourd'hui épuisée et déréglée...
Elle les projette tour à tour dans des calculs algorithmiques complexes et théoriques, dans des grands fantasmes de pouvoir universel et absolu, dans une forme d'aspiration à un tourisme extra-terrestre ultra-dépaysant ou encore dans un vertige intérieur angoissant où nous serions moins que rien. Néanmoins, au travers des avancées de la conquête, la perception de l'espace s'est trouvée changée.
Le Cosmos a suscité ces dernières décennies l'apparition d'oeuvres abondantes ; le foisonnement même en dit long sur le sujet, source fertile d'inspiration, multiple par les approches, ample, somptueux, intuitif et cérébral à la fois."
En quatre salles dédiées chacune à un thème, l'exposition conduit le visiteur à questionner ses représentations de l'espace mais aussi à explorer les fantasmes universels suscités depuis toute éternité par le face à face de l'homme et des étoiles.
Des œuvres mobiles comme celle du Japonais Susumu Shingu interrogent sur l'anatomie du mouvement aérien tout en le déconstruisant par une rotation absurde et lente. Les toiles aux couleurs vives et évocatrices de Jacques Monory suggèrent l'image insconsciente d'un univers naissant ou disparaissant, avec par exemple ce panneau de métal criblé d'impacts de balle. Des toiles dans la mouvance du pop-art tournent en dérision les représentations de superhéros propulsés dans des galaxies lointaines et futuristes. Enfin, tout un imaginaire se dégage autour des machines et vaisseaux permettant à l'homme pédestre d'atteindre l'espace.
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