MARDI 23 FEVRIER 1858 : SECRET, 7° APPARITION
Malgré la déception du 22 février, jour où il n’y avait pas eu d’apparition, 150 à 200 personnes se rendent à la Grotte déjà vers 6 heures. Beaucoup y attendent Bernadette en priant à genoux. Il y a quelques messieurs ne croyant pas encore à la réalité des apparitions. Ils explorent la Grotte, son intérieur, ses alentours, mais ils ne découvrent rien de suspect. Parmi eux le médecin M. Dozous et M. Estrade, témoin fidèle et historien des événements de Lourdes. Bernadette arrive accompagnée de sa mère et de ses tantes Bernarde et Basile. Elle entre en extase dès les premiers Ave et y reste pendant une heure. Pour prémunir Bernadette qui sera de plus en plus en butte aux contradictions des uns, et, ce qui était bien plus dangereux pour elle, à l'adoration des autres, la Dame la laisse entrer dans son intimité. Elle lui confie en ce jour trois secrets. Cette intimité rivera Bernadette étroitement à Elle, la séparera des autres, lui apprendra à rester fidèle à sa mission. Trois ans après ce jour Bernadette pourra dire : "La Dame m'a défendu de les dire à personne : j'ai été fidèle jusqu'à présent." Elle le fut jusqu'au bout. Elle a emporté ses secrets dans l'éternité.
MERCREDI 24 FEVRIER 1858 : PENITENCE, 8° APPARITION
"La voyante, nous dit M. Estrade, peu de temps après être entrée en extase, s'était mise à écouter du côté du rocher, puis, comme quelqu'un qui apprend une douloureuse nouvelle, elle avait laissé tomber ses bras, et des larmes abondantes coulaient sur se joues. Dans une attitude humiliée, elle avait gravi à genoux la pente qui précédait la niche en collant à chaque pas ses lèvres contre terre." D'après les témoignages il faut conclure que la Dame s'est montrée d'abord sur l'églantier comme d'ordinaire, qu'Elle a disparu ensuite, que la voyante l'a recherchée "sous la voûte de la Grotte" et qu'elle l'a retrouvée. C'est alors qu'elle se retourne vers la foule de 400 à 500 personnes. Son visage est en pleurs. La voix étranglée de sanglots Bernadette doit passer à la foule le message de l'Immaculée: "Pénitence, Pénitence, Pénitence!"
JEUDI 25 FEVRIER 1858 : L’EAU DE LA SOURCE, "POUR LES PECHEURS", 9° APPARITION
L'Immaculée en ce jour du 25 février a voulu que Bernadette s'humilie profondément. Elle lui a donné des ordres apparemment incompréhensibles et déraisonnables. Cette humilité et cette obéissance feront jaillir ce que le monde appelle volontiers la Source Miraculeuse de Lourdes. La foule de 400 personnes voit Bernadette s'avancer sur ses genoux jusqu'au fond de la Grotte, puis redescendre sur la pente, se diriger vers la rive du Gave, s'arrêter subitement, revenir dans la Grotte, et là comme écouter quelqu'un dont elle semble ne pas comprendre les ordres. On la voit ensuite gratter la terre, boire d'une eau trouble qui en sort, s'en laver pour montrer en public une figure toute barbouillée de boue. On la voit enfin manger de l'herbe. Tandis que Bernadette voit sourire la Dame, la foule pense que la voyante n'est qu'une déséquilibrée, une folle. Bernadette a expliqué elle-même plus tard cette scène qui avait déçu tout le monde : "Pendant que j'étais en prière, la Dame m'a dit d'une manière amicale, mais en même temps sérieuse : Allez boire à la fontaine et vous y laver. Comme je ne savais pas où était cette fontaine et que je croyais que cela n'y faisait rien, je me suis dirigée vers le Gave. La Dame m'a rappelée et m'a fait signe du doigt de me rendre sous la Grotte à gauche ; j'ai obéi, mais je ne voyais pas d'eau. Ne sachant où en prendre j'ai gratté la terre et il en est arrivé. Je l'ai laissée s'éclaircir un peu, puis j'ai bu et je me suis lavée." Interrogée pourquoi elle avait mangé de l'herbe, Bernadette répondit : "La Dame m'y a poussée par un mouvement intérieur." Il semble que Bernadette pendant cette vision de trois quarts d 'heure n'a pas eu de transfiguration.
(à suivre)
Mgr Jacques MASSON