[Critique] Judy

Par Wolvy128 @Wolvy128

Hiver 1968. La légendaire Judy Garland débarque à Londres pour se produire à guichets fermés au Talk of the Town. Cela fait 30 ans déjà qu’elle est devenue une star planétaire grâce au Magicien d’Oz. Judy a débuté son travail d’artiste à l’âge de 2 ans, cela fait maintenant plus de 4 décennies qu’elle chante pour gagner sa vie. Elle est épuisée. Alors qu’elle se prépare pour le spectacle, qu’elle se bat avec son agent, charme les musiciens et évoque ses souvenirs entre amis ; sa vivacité et sa générosité séduisent son entourage. Hantée par une enfance sacrifiée pour Hollywood, elle aspire à rentrer chez elle et à consacrer du temps à ses enfants. Aura-t-elle seulement la force d’aller de l’avant ?

Adapté de la comédie musicale End of the Rainbow, Judy est un biopic de Rupert Goold qui, comme son nom le suggère, est entièrement consacré à l’actrice américaine Judy Garland. Plus particulièrement à sa tournée effectuée à Londres 6 mois à peine avant son décès. Si le film s’avère plutôt intéressant sur le fond, notamment dans sa capacité à retranscrire tout le poids du système qui pèse sur la comédienne, il vaut néanmoins surtout pour la performance habitée de Renée Zellweger. En très nette perte de vitesse ces dernières années, l’actrice renaît en effet littéralement dans la peau de la légende du cinéma. Fortement amaigrie, elle délivre une interprétation, certes un peu forcée par instants (trop de grimaces à mon goût), mais toutefois excessivement touchante. De plus, elle a également le mérite d’interpréter – de manière tout à fait convaincante – tous les morceaux musicaux, ce qui rajoute à l’authenticité générale de la prestation. Dommage cependant que la réalisation soit si peu inspirée car même les scènes les plus émouvantes du scénario paraissent du coup extrêmement plates. Un constat d’autant plus regrettable que la photographie est paradoxalement magnifique, proposant par exemple un joli travail sur les lumières et les couleurs.

Un déséquilibre qualitatif déroutant qui s’exprime aussi malheureusement dans l’écriture. En effet, si la représentation de la star broyée par un système pour lequel elle a tout sacrifié depuis son plus jeune âge est globalement réussie, et que l’utilisation des flashbacks s’avère dans ce cadre plutôt efficace (ce sont certainement les meilleures séquences du film), le propos est malgré tout incroyablement limité, restant totalement en surface des problématiques qu’il souligne. Ainsi, sans être fondamentalement mauvais, le script n’apporte rien de nouveau ou de captivant, se contentant de miser sur les déboires de son héroïne. A tel point d’ailleurs que tous les seconds rôles sont cantonnés au statut de simples figurants. De Jessie Buckley à Rufus Sewell, en passant par Royce Pierreson, l’ensemble du casting est effectivement transparent, gravitant autour de Renée Zellweger sans vraiment exister. On notera néanmoins la belle performance de Darci Shaw, très à l’aise en jeune Judy Garland pour son tout premier film. Au rayon des bons points, on appréciera aussi la capacité du film à traduire ce double sentiment d’amour et de désamour du personnage pour les projecteurs.

Transcendé par une Renée Zellweger en pleine résurrection, Judy n’en reste donc pas moins un biopic très moyen, alternant constamment le bon et le moins bon. Malgré une écriture limitée et une mise en scène sans saveur, le film use toutefois habilement des flashbacks pour illustrer la destruction d’une star broyée par un système pour lequel elle a tout sacrifié.