Une décennie vient de se terminer, et nombreux sont les blogs et les journaux à en faire une retrospective. Alors faisons de même ici, avec l’industrie qui nous intéresse : le e-commerce.
Bonne année à tous, et voici ce que je retiendrai de la décennie 2010-2020 :
1. La long tail a été, et reste, le meilleur outil pour vendre en ligne.
Depuis les premiers jours de ce blog, j’avais beaucoup insisté sur l’importance de la long tail en e-commerce, et tout au long de cette décennie passée, cette stratégie s’est confirmée être la plus pérrene.
Nous le constatons tous les jours avec les clients de notre agence : se sont les e-marchands qui ont été capables de déployer une long tail durant cette décennie passée qui sont encore en vie aujourd’hui. Et c’est pour cela que notre méthodologie SEO est la même depuis 10 ans : le spread SEO (une méthode dont je me porte garant vis-à-vis de nos clients).
Cette technique de spread SEO n’a jamais été copiée longtemps par nos concurrents, car elle est trop coûteuse en technique,trop coûteuse en formation des équipes et trop coûteuse en recrutements. Toutes les agences connaissent notre technique,et tentent une mise en oeuvre en interne. Au bout de 2 ou 3 ans, les coûts élevés de cette méthode les obligent à revenir à leurs anciennes pratiques.
2. Amazon est passé devant Google comme apporteur de business pour les e-marchands.
En e-commerce, Google s’est fait devancer par Amazon. Il est devenu le premier moteur de recheche de l’Internet des achats.
Que s’est-il passé ?
Amazon a apporté des commandes aux e-commerçants, là où Google a apporté pendant 10 ans des visites (laissant donc au marchand le soin de convertir ou pas une visite en une vente). Et les impacts de cette subtile différence sont en fait immenses.
Si le marchand ne possède pas un site qui plait aux acheteurs, si ses fiches-produits ne sont pas assez claires, si son tunnel d’achat est trop compliqué, ou si le visiteur ne souhaitait pas encore acheter mais juste se renseigner, bref, si la visite ne s’est pas transformée en commande, là n’est pas le souci de Google.
En face, Amazon a plate-formisé l’achat en ligne et les acheteurs ont été séduits. Les vendeurs en ligne ont déplacé leur stratégie vers les Amazon et autres Places de Marché.
Toute plate-formisation accélère une adoption. C’est donc Amazon qui a fait exploser les ventes sur Internet.
L’Internet existe pour, et uniquement pour, retirer des frictions.
Google attaque cette nouvelle décennie avec une réponse à Amazon : Google Shopping Actions et nous en parlerons dans la suite à cet article (qui traitera des prédictions de la décénnie qui vient de commencer).
En conclusion, une décénnie plus tard Amazon est devenu le moteur de recherche n°1 pour les achats en ligne, Google est n°1 pour les recherches en ligne et Youtube est n°1 pour les recherches de vidéos en ligne.
3. L’arnaque au keywording sur Adwords existe toujours.
Dans cet article vieux de presque 10 ans, j’avais indiqué mes craintes vis-à-vis de techniques telles que le Keywording en Adwords.
J’ai échoué à sensibiliser les ecommerçants contre ces techniques et chaque jour, depuis 10 ans, les commerciaux de notre agence rencontrent des e-commerçants qui se disent “très satisfaits” de leur agence webmarketing e-commerce et qui “ne souhaitent pas en changer” mais qui, hélas, sont sous l’emprises de cette technique.
Une technique qui agit comme de l’héroïne sur un e-commerce. Une addiction rapide, qui agit dès le premier mois, et dont il est difficile d’en sortir sans sevrage.
Il est vrai qu’avec un seul article en 10 ans, je ne pouvais qu’échouer dans ma quête de sensibilisation… Les journées sont chargées, et cette dernière décennie ne m’a laissé que peu de temps pour écrire sur ce blog et autres LinkedIn/Twitter.
Cela m’amène à une transition toute trouvée : le Social Cooling.
4. Le boom puis le déclin des réseaux sociaux.
La décennie précédente a vu le boom puis le déclin des réseaux sociaux. Le tout dans la même décennie.
Le déclin est venu très vite, et cela pour 2 raisons : la première, le besoin de nous tous de se recentrer sur ce qui est important, et donc passer moins de temps à lire et écrire sur les Facebook, Twitter, LinkedIn et autres Instagram. Une tendance que les américains appellent le Social Cooling. Puis, seconde raison, et cette fois-ci on revient au sujet des ventes en ligne : l’echec des influenceurs en tant que promoteurs de produits à acheter.
Les taux de conversion y sont très faibles, même via des influenceurs à plusieurs millions de followers.
Le Social Shopping va se développer (et là encore je vous en parlerai dans la suite de cet article), mais il passera par des clics payants (Instagram Ads, Facebook Ads, et, peut-être, Twiter Ads) et non pas par les influenceurs.
Ce qui me fait, encore une fois, une transition toute trouvée pour la suite : pour vendre sur Internet, il faut maintenant passer à la caisse (d’une manière ou d’une autre).
5. La fin de la vente gratuite sur Internet.
Le SEO/Référencement naturel est toujours important, et comme depuis 10 ans, les ventes se font (et se feront toujours) sur la Long Tail (cf point 1 de cet article avec le Spread SEO).
Certes, le branding fonctionne et fonctionnera toujours. Mais, si ces deux outils marketing génèrent du grafic direct, ils ne sont pas sans investissement financier non plus. Et parfois très important.
La décénnie précédente a vu émerger 2 tendances :
1/ Première tendance : les Places de Marché. Elles ont tellement simplifié l’acte d’achat en ligne que les acheteurs se sont déplacés sur ces plate-formes. Et les e-commerçants ont dû suivre. La gestion de flux e-commerce s’est développée et des logiciels comme Shopping Feed sont devenus indispensables pour le quotidien des marchands.
2/ Seconde tendance : sur Google, la différence visuelle entre liens payants et liens naturels a quasiment disparu pour les acheteurs, reléguant les liens naturels au second plan.
Ainsi, se sont developpées des techniques de Spreads Ads (le pendant trafic payant du Spread SEO) via des logiciels comme Lovely Ads qui permettent d’aller chercher la Long Tail sur le trafic payant.
En tout cas, que ça soit via les commissions des Places de Marché ou les liens payants, vendre sur Internet n’est plus gratuit en cette fin de décennie.
Devons-nous nous en plaindre ?
La réponse courte est que de toutes façons les GAFA en ont décidé ainsi.
La réponse longue est que je pense que cela a avantagé les e-commerçants les plus sérieux et a ainsi favorisé un dévelopement sain de l’industrie du e-commerce.
Lorsque vendre sur Internet était peu coûteux, la barrière à l’entrée était tellement basse qu’il y avait prolifération de vendeurs peu professionnels (livraison en retard, non-paiement de la TVA, service parès-vente de faible qualité, etc.).
6. La fin de la découverte de l’Elodorado en e-commerce.
Ou, dit différement : “on se marrait quand même bien mieux au tout début de cette décennie.”
A l’époque des pionniers du e-commerce français, on découvrait, on bossait nuit et jour, on testait et on se trompait. La parole était moins lissée et les avis plus tranchés. La bonne époque.
Tels sont les cadeaux offerts aux pionniers de toutes industries. On s’est bien marré, et plutôt qu’être nostalgiques, nous devons être reconnaissants d’avoir été des acteurs de cette période.
Mais, oui, tout est devenu plus lisse, plus fade (mes articles y compris…) et même l’humour sur Twitter est moins …. disons …. impertinent. On y passe beaucoup moins de temps (cf point n°4).
Oui, 10 ans après, tout est moins drôle dans l’e-commerce. Les pionniers ont ouvert la voie et certains d’entre eux, dont nous faisons partie, ont su faire la transition pour évoluer avec l’industrie.
Alors on avance dans ce nouveau chemin, plus épurè, plus propre et défriché. Un chemin bientôt bétonné.
7. Personnellement, j’en ai retenu quoi de cette décennie ?
Des défauts, j’en avais beaucoup en 2010, et j’en ai un peu moins en 2020. Ma Team vous dira que j’en ai encore beaucoup trop.
Mais j’ai fait confiance à mon quotidien pour me diriger vers l’essentiel : nos clients, nos produits, nos services et mon équipe.
J’aurais dû plus écrire sur ce blog, plus échanger sur Twitter/LinkedIn. Je le sais. Mais je sais surtout que je suis resté focalisé sur l’essentiel. 10 ans de clients heureux et une équipe heureuse. L’essentiel.
Rien à regretter donc.
Ou peut-être est-ce même plus simple que cela : peut-être que je n’ai renoncé à rien, et que tout le monde s’en foutait de mon avis.
C’est une possiblité.
Ce qui, cette fois, est pour le coup une transition bien mal trouvée pour la suite de cet article…
(prochain article à paraître : “Mon avis sur la décennie 2020-2030 à venir, en e-commerce“)