About polar viii : une amitié béatifiée

L’un des éléments majeurs de la littérature policière classique et l’amitié qui unit le héros du roman à un personnage secondaire. il s’agit en général d’une amitié masculine pas forcément virile. En général il s’agit d’une amitié au-delà du temps, des circonstances, et de toutes les souffrances. C’est une amitié exemplaire presque sacrée au-delà de l’abnégation et du sacrifice. Elle apparaît la première fois, du moins dans le roman policier  moderne, dans les aventures du chevalier Auguste Dupin d’Edgar Allan Poe. Le chevalier Charles Auguste Dupin à pour ami le narrateur. Ils se séparent puis se retrouvent pour recommencer de façon intime de nouvelles aventures. Cette amitié apparait de même dans les récits de Hercule Poirote, dans une moindre mesure dans ceux de Simenon, Maigret Lapointe. Mais elle est portée en niveau de béatification dans les aventures de Sherlock Holmes. Les spécialistes du polar expliquent cela par la nécessité de trouver un faire-valoir au personnage principal. En réalité cet argument me semble erroné en partie. Ce qui explique cette amitié, c’est un désir de survivre à travers les récits de ce personnage secondaire. Inconsciemment l’auteur a peur de la mort de son personnage et de façon indirecte de sa propre mort. Le personnage secondaire sera là pour poursuivre l’œuvre du héros. Ce personnage secondaire à travers ses souvenirs, à travers ses nostalgies, fera revivre pour lecteur le héros disparu et pourquoi pas la mémoire de l’écrivain lui-même. Dans mes adaptations des aventures de Sherlock Holmes, la première aventure Le Domaine Moriarty, commence par les souvenirs du Dr John Watson homme très âgé qui évoque le souvenir de Sherlock Holmes disparu.

Cette amitié au-delà de la vie, au-delà de la mort donc et l’un des aspects les plus touchants de certains romans policiers. À tel point que ses romans survivent au-delà du temps qui passe et au-delà des générations qui changent.