Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais la musique occupe quelque place dans ma vie. A l'intérieur de cette place trônent en majesté une cinquantaine d'albums. Et parmi ceux-ci Carry The Day par Henry Threagdill.
C’était en 1995 et, alors dans ma vingt-et-unième année, je m’étais ouvert depuis quelques mois aux joies du jazz. Il m’avait fallu assez peu de temps pour en apprécier les versants arides des improvisations free. Je crois même que c’était un peu ce que j’étais venu chercher.
Relevant de cette catégorie, le disque d’Henry Threagdill m’a tout de suite attiré pour une raison supplémentaire : la mention des instruments convoqués donnait de délicieux vertiges (accordéon, sax alto, flûte, guitares classique et électrique, tuba, violon, pipa, cor d'harmonie…).
C’est que parallèlement à mon entrée dans le jazz je commençais à développer une attention plus soutenue pour les orchestrations et les textures, soit les diverses manières d’habiller un morceau. Intérêt qui ne s’est pas démenti depuis, la science des arrangements me fascine toujours.
Et je ne fus pas déçu sur ce point. Outre une inspiration enlevée et aventureuse dans la conduite des thèmes, Threagdill présentait là une des plus belles collections de timbres auxquelles j’avais pu être confronté depuis ma très brève période philatéliste courant 1983.
De plus, ce disque découvert peu de temps après mon premier Art Ensemble of Chicago allait contribuer à bien installer la ville des vents en place forte de beaucoup de mes affections musicales.
L’année suivante devait sortir le Tenga Niña de Jacques Thollot histoire de me faire définitivement comprendre que le jazz relevait aussi du présent. Bien entendu il me faudrait parler de ce disque aussi mais le temps presse et votre patience s’use.