Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais je ne lis plus ou quasiment que des journaux anglais.
Notez comme cela sonne snob d’entrée. Et le fait est que la recherche de distinction n’est sans doute pas étrangère à cet état de fait. Il m’est arrivé quelques fois de trop largement déployer mon exemplaire du Financial Times comme si dans ce simple geste d’exhibition je pouvais gagner mes galons de haute classe sociale et intellectuelle.
Céder à la vanité n’est pas toujours le moindre de mes défauts.
Cela étant, la réputation flatteuse du journal de l’élite de la City n’est pas complètement usurpée. Et si les motivations qui y amènent n’ont pas grand-chose de noble, c’est un niveau de qualité nettement supérieur à la plupart de la presse parisienne qui fidélise. Un rapport informations/commentaires nettement en faveur du premier terme, un grand nombre de données et de chiffres précisément sourcés, et un point de vue qui s’il n’est pas absent – cela est surtout vrai pour The Economist – a souvent le bon goût de se faire plus discret que par chez nous, et d’attendre d’avoir exposé de quoi le contredire avant de s’exprimer pleinement.
Mais il y a aussi autre chose en ce qui me concerne. Trop perméable aux événements tout en m’interdisant de les ignorer, le fait d’aller m’informer en langue étrangère introduit une manière de distance qui m’est une protection. (En plus de m’éloigner le nez du guidon des polémiques permanentes qui font le génie de notre beau pays. Des plus reposant.)
La langue ne fait pas tout.
Le parti-pris économiste de ces lectures a aussi la vertu de refroidir l’actualité, la rendant ainsi moins propre à devenir le fuel de ma très active cuve à angoisses et dépressions. C’est pourquoi, bien que je ne possède ni capital à faire fructifier, ni bien à investir ou immobilier à surveiller je me rabats sur Les Échos lorsque je me trouve en villégiatures assez reculées pour ne pas être approvisionnée en journaux grands-bretons. Villégiatures qui mériteraient peut-être d’être narrées mais le temps presse et votre patience s’use.