Ce livre, insoucieux de gloire,
N’est pas ne d’un jeu cérébral :
Il n’a rien de la Muse Noire,
De I’Abîme ou des Fleurs du Mal.
S’il contient tant de vers funèbres,
Ces vers sont le cri révolté
D’une existence de ténèbres
Et non d’un spleen prémédité.
Infirme, j’ai dit ma jeunesse,
Celle des parias en pleurs,
Dont on exploite la faiblesse
Et dont on raille les douleurs.
Car, des plus anciens axiomes,
Lecteur, voici le plus certain :
Les malédictions des hommes
Secondent celles du Destin.
Dans l’abandon, dans la famine,
Honni comme un pestiféré,
J’ai fleuri ma vie en ruine
D’un idéal désespéré.
Et, ramassant ces pierres tristes
Au fond d’un enfer inédit,
Je vous jette mes améthystes,
Ô frères qui m’avez maudit !
*
The Stone-Thrower
My song eschews proud glory’s kiss
Nor does it spring from facile wit:
Not Sable Muse nor Black Abyss
Nor ‘Fleurs du Mal’ occasion it.
And if its lines strike dismal notes
They signify life’s outraged span
Amongst the fading sunlight’s motes:
Not spleen on pre-determined plan.
A cripple, I proclaimed my prime,
My youth which weeps without the gates
Whose weakness helps the rest to climb,
Whose grief the mocking world berates.
For, reader, here’s an ancient law
Whose ttuth stands up to scrutiny:
Men howling curses at your door
Promote the schemes of Destiny.
Hungry and torn by mental strife,
Shamed; with a plague-bedevilled air,
I’ve grown within my ruined life
A dream-flower coloured with despair.
Sad stones from Hell’s unfathomed mists
I garner now to hurl at thee.
Beware my sober amethysts
o brothers who have hated me!
***
Marius Scalési (1892–1922) – Les Poèmes d’un Maudit (1923) – English translation by Roger E.R. Robinson.