Autrefois en France, il n'y a pas si longtemps, il y avait un presse satirique qui savait s'attaquer à tout et à toute berzingue. En gros, deux familles s'étaient plus ou moins formées : d'un côté ceux dont les lettres de noblesses étaient d'asséner la connerie pour la connerie, de l'autre ceux qui tentaient d'utiliser la satire comme arme sociale ou politique. Les premiers ont, semble-t-il, complétement disparus, ou sont relégués à une presse très confidentielle. Les seconds prêchent aujourd'hui une nouvelle morale. Philippe Val, le prétendu gaucho des émissions "pour ou contre", en fait partie, poussant sa vertue à virer l'air de rien le dernier des anars, Siné, d'un Charlie-Hebdo qui n'a plus que son titre pour rappeler ses origines.
D'abord, il y a un édito de Val finissant au sol un Denis Robert qui vient de perdre son procès contre Clearstream et qui souhaite dorénavant ne plus parler de ce sujet. La classe, surtout lorsque l'on sait que l'avocat de Clearstream n'est autre que celui de Charlie-Hebdo. Evidemment, au journal tous le monde n'était pas trop d'accord avec la ligne officielle du philosophe Val-taire. Siné, 80 ans, ne s'est pas fait prié (un athée, vous pensez bien) pour lui rentrer dans le lard. Malheur à lui : quelques jours plus tard, suite à un texte pas très malin sur Jean Sarkozy (à propos de la rumeur relayée jusqu'à Hong Kong sur sa supposée conversion opportuniste au judaïsme pour son mariage avec l'héritière de Darty), le voici traîté d'ordure et d'antisémite sur RTL. Val profite de la polémique et demande à Siné de faire des excuses au fils de notre bon Roi (alors que Jean-jean-tête-à-claque n'avait pas réagi). Littéralement, autant demander au vénérable de se tirer une balle dans le pied ou, comme il le dit lui-même, de se couper les roubignolles. Evidemment, refus. Siné est viré.
Il ne lira jamais ce texte, je doute qu'il ait même connaissance de mon existence un jour. Je suis de tout cœur à ses côtés. Parce qu'à l'image du jazz qu'il adore, cet homme a toujours été libre et libertaire, il n'a jamais retourné sa veste. Cette histoire montre bien la donne actuellement en France : on ne s'attaque pas sans élégance aux puissants, que diable ! Terminé l'irrévérence. La vis est serrée, ces enflures de Fillon ou Devedjian ont raison : leurs idéaux ont gagné. Ultime accéleration avant le mur, tous en avant !