Vous voulez rire ?
L’histoire remonte à très longtemps. A une époque où j’accompagnais des groupes d’études à l’étranger. Le thème du voyage était orienté sur la sauvegarde des parcs naturels en Pologne.
Je crois que c’était avant l’accident de Tchernobyl mais même à cette époque là on pouvait avoir de très gros doutes sur la manière dont ce pays prenait en compte les principes écologiques. Pour preuve un des "parcs" dont la visite a été obligatoire (malgré nos protestations) aura été le camp d’Auschwitz qui, on peut le dire sans faire d’humour noir, était loin d’être un parc naturel. Bref là n’est pas le sujet.
Nous étions jeunes. Nous étions hébergés dans des résidences universitaires vidées de leurs étudiants pendant l’été. Je partageais une chambre avec une autre participante que je connaissais déjà et qui était une amie.
Ce soir-là, fatiguée, je décide de me coucher de bonne heure. Elle, très en forme, choisit de sortir en boîte et d’aller danser. Nous n’avions pas de clé pour fermer la chambre et il y avait seulement un verrou intérieur. Je lui dis qu’elle peut rentrer quand elle veut. Étant en totale confiance, je ne ferme pas la porte à clef et je n’actionne pas le verrou, histoire de faire une nuit complète sans devoir me relever pour lui ouvrir.
Me voilà réveillée en pleine nuit par le plafonnier de la chambre. Je proteste. J’ouvre les yeux et je me retrouve nez à nez avec un mec sans doute un peu aviné, penché sur mon lit et qui marmonne … évidemment en polonais.Non seulement je ne comprends rien mais je suis fatiguée et sachant pertinemment que je suis toute seule à ce troisième étage je me dis que la seule solution est de gagner du temps, espérant que ma copine ne tarde pas trop.
J’entreprends donc de discuter, en anglais, avec le vocabulaire dont je disposais, en parlant de tout et de rien, me maudissant de n’avoir pas bouclé la porte de l’intérieur autant que de porter une nuisette transparente.
Un certain temps se passe quand un second homme entre dans la chambre. Etais-je stupide, naïve, je ne sais pas ... Toujours est-il que je n’ai pas imaginé un instant que la situation venait d'empirer. Voilà comment on est quand on pratique la pensée positive !
Et que je m'empêtre dans de vaseuses justifications où j’ai dû pêle-mêle plaider coupable, informer que j’étais française et surtout attendre du second qu’il me débarrasse du premier. Je lui expose donc mon plan alors que je suis toujours assise dans le lit, le drap monté le plus haut possible sur mes épaules nues : baratinez-le en le tirant en arrière, je me lèverai d’un bond et je fermerai à clé. Ensuite je pourrai me rendormir. Il faut que je sois en forme pour la visite officielle de demain avec les autorités polonaises.
Je ne m’explique pas le succès de l’opération et je n’irai pas jusqu’à breveter ma méthodologie mais ça a fonctionné.
Ce soir là ce que femme voulut fut réalité.
C'est fait. Je peux (presque) cocher la case : J’ai été victime d’une agression.