Comme ses consœurs, l'américaine Citi semble prendre conscience de l'inéluctable transition technologique de ses métiers de banque d'investissement et l'annonce de son intention de recruter 2 500 développeurs cette année est destinée à prouver le sérieux qu'elle met à s'adapter. Mais elle soulève aussi beaucoup de questions…
Tous les géants du secteur prennent désormais la mesure des profonds changements qui s'imposent dans les salles de marché, à l'instar de JPMorgan, par exemple, qui a commencé à obtenir des licences de traders pour certains de ses informaticiens. Dans le cas de Citi, l'effort porte donc d'abord sur le recrutement, dans toutes les régions du monde où elle a une présence, en ciblant à la fois des profils de programmeurs et de scientifiques des données, afin d'améliorer les services qu'elle offre à ses clients.
La première réaction que suscite l'information, s'il ne s'agit pas uniquement d'une opération de communication stupide, sera un constat à revers : la banque estime donc être actuellement en manque des troupes indispensables à son fonctionnement en 2020, soit qu'elle ait tardé à réaliser l'ampleur de ses besoins, soit qu'elle ait du mal à retenir les talents qu'elle a conquis par le passé. Et elle donne alors l'impression d'un début de panique dans la recherche d'une solution à un problème critique.
Car il est difficile d'imaginer comment elle va parvenir de la sorte à répondre à la relative urgence de la situation, tant l'intégration de collaborateurs en nombre, dans des métiers et des contextes très spécialisés, où la collaboration devient de plus en plus critique, est longue et difficile. La complexité de la tâche est en outre démultipliée si, comme on peut le supposer, une bonne partie des embauches concerne des débutants, susceptibles de requérir un complément de formation avant d'être opérationnels.
Dans un registre opposé, la démarche de Citi est également mal inspirée par le message qu'elle adresse aux candidats potentiels. L'appel à rejoindre une armée de 2 500 pairs laisse automatiquement entendre que chaque individu n'est qu'un pion dans une organisation gigantesque, où il n'aura guère l'occasion d'exprimer ses qualités et où ses contributions auront peu de chances de faire une différence. Ce positionnement n'est pas idéal vis-à-vis de jeunes générations qui cherchent du sens à leur travail.
Naturellement, les banques d'investissement n'ont d'autre choix que d'essayer de rattraper leur retard et d'accélérer leur transition vers une logique d'entreprise technologique. Malheureusement, elle paraissent aborder ce défi comme si elles vivaient encore dans les années 80, à une époque où les institutions financières étaient à la pointe de l'informatique et tous les développeurs ne rêvaient que de rejoindre leurs rangs. Il leur faut maintenant admettre qu'elles sont en concurrence avec de sérieux challengers.