Toujours dans le vieux papiers, un bon article de Michel Jourde, qui relevait une expression d'Alain
Minc.
Minc combattait le "populisme universitaire" qui sévissait censément dans les pages Opinions du Monde, en ces termes : Je préfère lire dans les pages Débats les traductions de chroniques de
Mario Vargas Llosa dans El País, de Timothy Garton Ash dans The Guardian ou d’Alessandro Baricco dans La
Repubblica plutôt que je ne sais quel point de vue du prof de Toulouse 28.
Commentaire de Michel Jourde, de Lyon 32 sans doute :
Ce qui fait donc «peuple» ici, c’est l’anonymat («je ne sais quel point de vue du prof de…»), c’est «Toulouse» (qui ne saurait prétendre être ni Madrid, ni Londres, ni Rome, ni Paris), et
c’est «28», qui suggère une queue de classement stigmatisant une répugnante médiocrité. Ce trait d’esprit n’est pas surprenant dans ce qu’il révèle de son auteur. Nous savions déjà tout cela : la
permanence de la structuration géographique dans l’expression française du mépris intellectuel, la valorisation de la réussite individuelle opposée à l’anonymat, le goût infantile du top
ten dans les cerveaux les plus rutilants.
La suite est aussi à lire.
Avec des élites qui ont en effet une très haute opinion des universités, on peut toujours pipoter ce qu'on veut sur la crise de l'université française, on aura du mal. Un bon début serait sans
doute de placer les classes prépas dans les facs.