La Chine, longtemps conquérante sur le plan économique, subit depuis quelque temps des vents contraires. Dans un précédent billet, j'avais expliqué comment se calcule la croissance potentielle et je vais donc me servir de ces éléments pour étudier l'économie chinoise.
Évolution de la croissance en Chine
La croissance en Chine s'affaiblit ces dernières années :
Vous trouverez plus d'infographie sur StatistaRappel sur la croissance potentielle
Pour ceux qui auraient la flemme de relire mon billet sur la croissance potentielle, je vous rappelle que celle-ci peut être définie comme la croissance réalisant le niveau maximal de production sans accélération de l'inflation, compte tenu des capacités de production et de la main-d’œuvre disponibles.
En partant de l'identité suivante Y = P.N où Y désigne le PIB, P la productivité par tête et N l'emploi, on en déduit que la croissance potentielle est liée aux gains de productivité par tête et à la croissance de la population active.
Évolution des gains de productivité en Chine
L'économie chinoise, tout comme les autres pays développés du monde, se transforme en une économie de services :
[ Source : Natixis ]
Or, les échanges de services sont de beaucoup plus petite taille que les échanges de biens et la productivité du travail est en général bien plus élevée dans l'industrie. Rien d'étonnant donc à ce que l'on assiste à un recul des exportations, amplifié par les mesures protectionnistes de Trump :
[ Source : BBC ]
Au total, on assiste à un freinage de la productivité par tête :
[ Source : Natixis ]
Évolution de la population active en Chine
Le vieillissement de la population en Chine est déjà bien entamé et il conduira inévitablement à un recul de la population en âge de travailler :
[ Source : Chine-magazine.com ]
Croissance potentielle de la Chine
Au total, la croissance potentielle de la Chine s'affaiblit et devrait être inférieure à 4 %, ce qui va poser de sérieux problèmes sociaux et politiques dans un pays qui a construit sa domination économique sur une croissance forte. D'autant plus que le rééquilibrage de son modèle de croissance, pour l’instant basé encore essentiellement sur les exportations, et qui devrait à terme donner plus d’importance à la demande intérieure, prend du temps.
Pour faire face à ce ralentissement, Xi Jinping a annoncé au mois de décembre une baisse des droits de douane pour soutenir la demande intérieure, un programme pour l'emploi et un plan d'investissement. Bref, le gouvernement chinois a décidé de revenir au bon vieux plan de relance par la dépense publique, au moment où l'endettement public, mais surtout privé, est déjà stratosphérique... Au surplus, la guerre commerciale déclarée par Trump à la Chine aura d'une certaine façon servi de catalyseur au changement, puisque le timonier chinois a engagé son pays à marche forcée vers l'industrie et les services du futur.
Mais il est vrai qu'en Chine, une croissance forte est avant tout une question de survie politique pour le timonier en chef !